"On me prive de ma liberté": des terrains à Saint-Laurent-du-Var réquisitionnés pour les gens du voyage, les habitants inquiets

150 familles s'installeront sur une parcelle du 28 juin au 5 août. Plusieurs propriétaires d'un terrain privé situé non loin de la zone ont fait part de leurs inquiétudes. De son côté, la mairie a déposé un recours, qui a finalement été rejeté.

Des terrains privés et cultivés ont été réquisitionnés par le préfet des Alpes-Maritimes afin de pouvoir accueillir des gens du voyage à Saint-Laurent-du-Var. Une centaine de caravanes constituées de 150 familles sont attendues sur une parcelle pour y passer une partie de l'été.

Des habitants inquiets

"Ce périmètre s'étend sur quatre hectares et il concerne la plupart des propriétés privées puisque, à l'exception de la commune qui est propriétaire d'une petite parcelle, tout le reste, ce sont des propriétés privées qui sont soit en jachère, soit cultivées", raconte Paul Sartirioli, habitant touché par la réquisition du Préfet, à BFM Côte d'Azur.

Paul s'est installé dans ce coin de verdure il y a quarante ans. L'arrivée de ces caravanes dans son jardin, à quelques mètres de sa maison, l'inquiète: "D'une part, c'est un endroit calme, mais c'est surtout ma résidence. Je dors là, quoi", confie-t-il.

"Du moment qu'il n'y a pas de protection ou de clôture, tout peut arriver. Les gens pourront se prévaloir que le préfet les a autorisés et ils se permettront ce qu'ils veulent", ajoute l'habitant.

La mairie opposée

Henry Garnier, agriculteur, est également un propriétaire concerné par la réquisition. Il déplore le manque de communication, ainsi que l'obligation de les accueillir entre ses plantations.

"La liberté s'arrête là où on commence à empiéter sur celle du voisin", lâche l'exploitant. "Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on me prive de ma liberté. On ramasse les courgettes toutes les nuits dès 2 heures du matin et j'espère qu'on pourra continuer à travailler la nuit sans avoir d'incident", poursuit-il.

À la suite de l'annonce du préfet, le maire de Saint-Laurent-du-Var s'y est opposé et a lancé un recours, qui a été rejeté.

"Les terrains et les accès ne sont pas adaptés. Les terrains ne sont pas viabilisés, c'est-à-dire ni eau ni électricité", affirme Joseph Segura.

"Malgré cela, le préfet a insisté pour faire la réquisition de ces parcelles, malgré l'avis défavorable de la municipalité", déplore l'édile.

Des aménagements sont en cours par la métropole pour rendre les terrains viables. Les caravanes seront installées du 28 juin au 5 août.

Charlotte Ducaté avec Mélanie Hennebique