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Nice: l'association One Voice dénonce les méthodes de vente de deux animaleries

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Malgré l'entrée en vigueur de la loi contre la maltraitance animale en janvier, des animaleries contournent les règles censées empêcher des adoptions irréfléchies, souvent synonymes d'abandons.

Une loi contournée. Depuis le 1er janvier 2024, les animaleries ont l'interdiction de vendre des chats et des chiens au sein de leur établissement, sauf si ceux-ci proviennent d'une association de protection des animaux et qu'un bénévole de l'association est présent.

Il n'est donc, en principe, plus possible de tapoter sur une vitrine au sein du magasin pour attirer l'attention d'un petit chiot. Il est aussi obligatoire de signer un certificat d’engagement, minimum sept jours avant l’adoption. Ces mesures ont pour objectif d'éviter les achats irréfléchis, guidés par un coup de cœur en magasin, qui se soldent régulièrement par des abandons.

Dans une animalerie niçoise, visitée par BFM Nice Côte d'Azur, des chiots sont toujours visibles en vitrine. Sur place, lorsque l'on demande s'il est possible de "regarder les chiens", la vendeuse répond que cela est impossible depuis le 1er janvier, conformément à la réglementation. "C'est uniquement sur le site internet, et après vous pouvez prendre rendez-vous pour venir les voir", explique une vendeuse, interrogée par l'une des journalistes de BFM Nice Côte d'Azur.

Il faut donc d'abord "réserver" l'animal sur le site avant de passer le voir. "C'est comme un click&collect j'ai envie de dire, comme un objet. Donc finalement rien ne change pour ces animaux", s'agace Corinne Bouvot, coordinatrice de terrain chez One Voice.

Un encouragement à l'antidatage"

Au début du mois de mars, des lanceurs d'alerte, ont démontré que la loi adoptée fin novembre 2021 est parfois contournée, notamment par cette animalerie niçoise.

Le certificat d'engagement est lui bel et bien demandé, mais peut être trafiqué: "Si on veut vraiment l'avoir (l'animal NDLR) aujourd'hui (...), il faut postdater le papier du coup?", est-il demandé dans une vidéo de One Voice. "Le certificat d'engagement ouais", répond simplement la vendeuse à une personne présente en boutique.

Une pratique qui provoque le courroux de l'association One Voice. "Ce délai devrait être appliqué. Sept jours, c'est pas très très long quand même. Mais les éleveurs, tout comme dans les animaleries, encouragent à l'antidatage. C'est à dire que ça n'écarte en rien l'achat compulsif", dénonce Corinne Bouvot.

Plusieurs signalements effectués

Pour l'achat du chiot, rendez-vous directement sur internet. "Pour le paiement? Je vous envoie un lien et vous faites directement le paiement en ligne", explique la même vendeuse dans la vidéo de One Voice. Car concrètement, si la loi interdit la vente d'animaux en animalerie, elle autorise la vente à distance. Des animaleries jouent donc sur ce flou juridique.

"En fait, ce que font les animaleries, c'est qu'elles mettent à disposition des ordinateurs directement dans l'animalerie ou elles orientent les acheteurs sur leur téléphone. Donc en réalité, les deux parties sont présentes au même endroit. C'est pas un contrat de vente à distance, ça ne remplit pas les conditions. Et c'est parfaitement illégal", détaille Coline Robert, avocate spécialisée en droit de l'environnement.

L'association One Voice a effectué plusieurs signalements au ministère de l'agriculture depuis le début de l'année, sans réponses à ce jour. Près de 17.000 animaux de compagnie ont été abandonnés en France entre mai et août 2023.

Manon Aversa avec Mathias Fleury