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"Injuste ce qui nous est arrivé": dans le viseur de la préfecture, la librairie IQRA de Nice a pu rouvrir

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Fermée sur décision du préfet, la librairie niçoise IQRA a pu rouvrir mercredi 6 mars après une décision de justice. Sa gérante a témoigné au micro de BFM Nice Côte d'Azur.

Une "perte d'argent, perte d'énergie et perte de moral". La librairie musulmane niçoise IQRA a pu rouvrir mercredi 6 mars, après une semaine sans accueillir de clients. La justice a suspendu la fermeture administrative provisoire décrétée par le préfet des Alpes-Maritimes le 28 février.

"Soulagée? Je ne sais pas ce qui m'attend après. On a eu gain de cause et c'est la justice, mais c'est injuste ce qui nous est arrivé. C'est quelque chose qui n'est pas acceptable", dénonce la gérante au micro de BFM Nice Côte d'Azur.

"J’aimerais bien qu’il vienne boire le thé le préfet pour qu’on discute et qu’il me dise ce que j’ai fait de mal", ajoute-t-elle.

Un ouvrage "vendu à la Fnac"

Sa librairie devait fermer pour trois mois, une décision justifiée par la préfecture en raison par la présence d'ouvrages religieux fondamentalistes au sein de la librairie, dans lesquels "des propos (...) sont susceptibles de constituer les délits de provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle".

Autre motif invoqué: la librairie disposerait d'un système de vidéoprotection mis en place de manière illégale.

"Indépendamment des caméras qui ont été retirées depuis le mois d'octobre, ils n'ont rien à dire. Ils utilisent les caméras pour justifier qu'on est des gens pas bien mais le livre dont on parle beaucoup (Les grands pêchés de l’imam Chams Ad-Dhahabi, NDLR), il est vendu à la Fnac", assure la gérante.

Avant d'ajouter: "Je ne suis pas une gamine, je suis presque à la fin de ma vie. Que cette chose arrive maintenant, pourquoi faire du mal comme ça aux gens?"

Les caméras et livres enlevés

Dans une volonté de coopérer, la librairie a retiré les caméras et les livres mis en cause par la préfecture des Alpes-Maritimes, deux faits confirmés par le tribunal administratif de Nice dans sa décision, mardi 5 mars.

Surtout, "il n’a pas été démontré en cours d’instance que les deux autres livres cités dans la décision du préfet des Alpes-Maritimes comporteraient des passages pouvant être regardés comme susceptibles de générer un risque de trouble à l’ordre public", indique le juge des référés.

Le tribunal administratif estime ainsi que la mesure prise par le préfet "n'est pas proportionnée". En plus de la suspension de l'arrêté, la justice a demandé le versement de la somme de 1.500€ à la librairie de la part de l'Etat au titre des frais de justice.

Sur le réseau social X, le préfet Hugues Moutouh a annoncé faire appel de cette décision.

Mélie Lavaud et Jean-Thierry Caressa avec Marine Langlois