BFM Côte d'Azur
Cote dAzur

"Il y aura de la perte, c'est évident": les vignerons niçois redoutent l'impact de la canicule

placeholder video
Les producteurs du château de Crémat et du domaine de Toasc de Nice s'attendent à perdre entre 5 et 20% de leur production cette année. Les fortes chaleurs ne devraient toutefois pas avoir d'impact sur la qualité du vin.

L'année 2022 sera sans aucun doute un millésime particulier. Dans les Alpes-Maritimes, les producteurs de vin AOC Bellet s'inquiètent de l'impact de la sécheresse et des fortes chaleurs sur les vignes.

À tel point que les producteurs de vins de Bellet de la région niçoise ont obtenu une dérogation de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) pour arroser leurs plans avec un système de goutte à goutte, alors même que les vignes de cette appellation ne sont normalement pas arrosées pendant la production.

Mais sans cette dérogation, "c'est impossible", explique Alain Vallès, responsable technique du château de Crémat et du domaine de Toasc de Nice. "On ne pourrait pas arroser d'une part. Et par ailleurs, il y aurait de la mortalité des jeunes vignes."

"Frôler" les 50.000 bouteilles cette année

Autre problème pour les producteurs: avec les températures caniculaires de ces derniers jours et le manque de pluie depuis le début de l'année, le raisin est arrivé trop vite à maturité. Les vendanges devront commencer avec dix jours d'avance, et les grappes seront plus petites qu'à l'ordinaire.

"Ici, on voit que les baies sont restées petites. Donc, effectivement, je pense qu'il y aura un ratio en jus moins bon que les autres années", explique Alain Vallès, grappe à la main. La production sera donc moins importante en 2022. "Il y aura de la perte, c'est évident."

Là où le château de Crémat et le domaine de Toasc produisent entre 50.000 et 60.000 bouteilles par an, Alain Vallès espère cette année "au moins 45.000, et frôler peut-être les 50.000".

Les fortes chaleurs ne devraient toutefois pas avoir d'impact sur la qualité du vin. Le millésime de 2022 devrait être d'aspect "solaire": des raisins gorgés par le soleil, avec un moût très sucré, et une teneur en alcool plutôt élevée.

"De mémoire de vigneron, ça me fait penser un peu au millésime 2003, l'année de la canicule en France", se souvient Alain Vallès.

Entre 5 et 20% de la production perdue

Si les producteurs de vin de Bellet devraient tout de même s'en sortir cette année, il ne faudrait pas que la sécheresse précoce et les épisodes caniculaires deviennent récurrents. "Si vous avez cinq années comme ça, l'agriculture sans eau, c'est compliqué, sous des chaleurs extrêmes, aux alentours de 35-40°C. Si elles se répètent, ça va être compliqué."

Si cela venait à se produire, les vignerons devraient certainement demander de nouveau des dérogations auprès de l'INAO, voire modifier leur système de production.

"La vigne est une plante très résiliente. On voit qu’elle a assez bien résisté à cet épisode de printemps et d’été. Mais si les années se répètent, l’arrosage va être généralisé pour maintenir la survie du vignoble."

Cette année, les producteurs du château de Crémat et du domaine de Toasc s'attendent à perdre entre 5 et 20% de leur production.

Manon Aversa avec Laurène Rocheteau