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"Elle a dit qu'elle voulait se jeter par la fenêtre": sa fille de 13 ans victime d'un pédocriminel sur Snapchat, un père témoigne

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Georges, habitant de Cagnes-sur-Mer, a décidé de prendre la parole sur BFM Nice Côte d'Azur pour faire changer la honte de camp, après que sa fille de 13 ans a été victime d'un prédateur sexuel sur le réseau social Snapchat.

Il n’aurait jamais imaginé que cela arriverait à sa propre fille. À 13 ans, Noémie a été approchée par un homme sur Internet. Peu à peu, le piège s’est refermé. Derrière l’écran: un prédateur sexuel. Plutôt que de garder le silence, son père veut prendre la parole et faire changer la honte de camp.

Cet habitant de Cagnes-sur-Mer avait pour habitude de vérifier ponctuellement le téléphone de sa fille. "Je contrôle pour voir si tout va bien malgré le contrôle parental", explique-t-il au micro de BFM Nice Côte d'Azur.

Un samedi matin, il découvre l'impensable en naviguant entre les applications: "Ma fille avait Snapchat [une application gratuite de messagerie instantanée et de partage de photos et de vidéos], sans mon autorisation. J'ai donc commencé à regarder les conversations".

"Des choses vraiment pas belles"

Le père de famille se rend compte que son enfant discute avec plusieurs hommes dont l'âge moyen oscille entre "20 et 36 ans". Au fil des conversations, il découvre que la jeune fille échange des photos avec un inconnu. Il lui demande "des choses vraiment pas belles".

Des extraits de la conversation entre la fille de Georges et le pédocriminel.
Des extraits de la conversation entre la fille de Georges et le pédocriminel. © BFM Nice Côte d'Azur

En découvrant ces messages, Georges se rend immédiatement au commissariat. Il fait un signalement, puis dépose plainte le mercredi. Mais dès le lendemain, tout bascule: sa fille tente de mettre fin à ses jours. Elle s’est pendue à son lit superposé.

"J'ai entendu un bruit provenant de la chambre de ma fille, j'ai demandé à son frère d'aller voir. Il est revenu en pleurant en disant 'Noémie s'est pendue'. J'ai dû appeler les pompiers et la police. Le médecin pompier m'a dit qu'à deux minutes près, c'était fini", relate le papa. Dans sa chambre, la jeune fille a laissé un courrier où elle explique son geste: "Elle avait peur que je ne l'aime plus".

Aujourd’hui, Georges témoigne pour alerter d’autres familles et sensibiliser au danger du numérique. "Arrêtez les téléphones et contrôlez davantage," lâche-t-il.

"Je ne peux plus la laisser seule. Un jour, elle m'a dit qu'elle voulait recommencer et se jeter par la fenêtre. Moi je ne dors plus ou très peu, je suis fatigué. Il n'y a rien qui m'aide, ce qui m'aiderait c'est de le trouver," explique Georges.

Le pédocriminel toujours recherché

En effet, depuis le 16 avril, le papa de Noémie n'a aucune nouvelle du commissariat. Le pédophile est toujours en liberté. Il menace de "finir par le trouver", promettant de ne pas se faire justice lui-même: "Je vais y aller avec les personnes qu'il faut. On va le récupérer et l'emmener au poste [de police]".

Depuis, la famille tente de se reconstruire. Pour le moment, Georges n'a pris contact avec aucune association, mais elles existent. Parmi elles, la Team Moore, un groupe de citoyens activistes anti-pédocriminalité. Ils travaillent au quotidien pour accompagner les parents et les enfants victimes de ces prédateurs sexuels en ligne. Ils les aident à déposer plainte, faire un signalement si besoin au procureur.

Selon la loi, demander à un mineur d’envoyer des photos à caractère sexuel constitue un acte de "corruption de mineur", même s’il n’y a pas eu de contact physique. Le pédocriminel risque cinq ans de prison et 75.000€ d’amende et si la victime a moins de 15 ans: sept ans d’emprisonnement et 100.000€ d’amende.

Arthur Descudet avec Julie Benmoussa