Simplification des tirs sur les loups: le témoignage d'un éleveur qui dénonce "une fausse mesure"

Baptiste Bernard est installé depuis dix ans en tant qu'éleveur à Châteauneuf-Val-Saint-Donat. Il a repris l'exploitation familiale et n'a pendant des années pas vu la queue d'un loup.
Mais depuis l'année dernière, les attaques se multiplient malgré les protections mises en place: "Depuis l'an dernier, je suis attaqué deux à trois fois par saison. Sur mon alpage, le loup a pris une ampleur à laquelle on ne s'attendait pas et aujourd'hui, ce n'est plus gérable", se désole l'éleveur.
"On est au bord du burn-out"
L'éleveur compte des pertes de béliers et de brebis. Mais ce qu'il craint aujourd'hui, c'est de devoir abandonner son outil de travail. Chanceux de posséder une grande surface d'exploitation, il travaille seul et ne peut pas être nuit et jour avec son troupeau.
"La motivation en prend un coup. Aujourd'hui, c'est compliqué de travailler sereinement. C'est un métier passion qui devient un métier galère. On ne peut plus s'absenter ne serait-ce qu'une nuit à cause de la présence du loup. Dans l'état actuel des choses, on est au bord du burn-out mais on n'a pas le droit de le faire parce qu'il n'y aura personne pour nous remplacer le lendemain matin avec les bêtes", raconte Baptiste Bernard, fataliste.
L'État français a décidé ce mardi 23 septembre de simplifier les conditions de tirs sur les loups. Dès 2026, il ne sera plus nécessaire d'en faire la demande préalable en préfecture. Mais cet éleveur est convaincu que cela ne changera rien: "C'est une fausse mesure. Je suis détenteur du permis de chasse, j'ai déjà le droit de tir en cas d'attaque sur mon troupeau. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est nous aider. On ne peut pas être 24/24h avec nos troupeaux, on n'a plus de vie de famille, c'est très pesant".
Le plafond d'abattage reste fixé à 19%
Pour lui, la seule solution est de pouvoir davantage réguler l'espèce: "Il faut revenir à des seuils acceptables. Et le seul seuil acceptable aujourd'hui, c'est zéro attaque. Notre métier n'est plus possible avec ces contraintes-là".
Pour l'année 2026, le plafond d’abattage de la population lupine reste fixé à 19%. Et si les conditions de tirs sur les loups sont assouplies en cas d'attaque, tuer un loup dans toute autre situation reste un délit passible d'une peine de prison et d'une amende.