Queyras: inquiétude autour de l'avenir de l'unique pharmacie de la vallée

Dans la vallée du Queyras, les habitants et les élus constatent depuis des années avec impuissance la disparition progressive des services et craignent désormais de se retrouver sans pharmacie.

En deux semaines, la pétition pour autoriser "la seule pharmacie du Queyras à s'installer librement", mise en ligne sur le site Change.org, a été signée par 540 personnes: un habitant sur quatre. C'est dire si la question de l'avenir de l'unique pharmacie du Queyras inquiète.

Dans la vallée, les habitants et les élus constatent depuis des années avec impuissance la disparition progressive des services et craignent désormais de se retrouver sans pharmacie. Après un boulanger et un buraliste, c'est au tour du pharmacien d'Aiguilles (Hautes-Alpes) d'envisager de quitter le village pour des raisons financières.

"Il faut que nos élus se bougent"

Faute d'un nombre suffisant de places de parking à proximité et à cause d'un emplacement éloigné des autres communes, les clients se font rares dans le petit local du 764 rue du Bourg.

"Le pharmacien aurait été contraint de fermer boutique pendant les vacances de la Toussaint, il ne pouvait pas payer un remplaçant et nous nous sommes retrouvés sans pharmacie", témoigne une habitante à BFM DICI.

"Je suis une jeune maman, je ne peux pas me passer de pharmacie et il faut que nos élus se bougent pour la sauver, entre le manque de logements et le manque de services, la situation devient difficile dans le Queyras", ajoute-t-elle.

À la veille des vacances de Noël, le maire d'une commune voisine qui souhaite conserver son anonymat, s'inquiète pour les habitants mais aussi pour les touristes: "C'est une période où il y a des besoins urgents, des cas de traumatologie par exemple avec les stations de ski, si la pharmacie ferme à nouveau, ce sera un gros problème."

Située à 25 kilomètres et 30 minutes en voiture d'Aiguilles, 44 minutes de Saint-Veran et à plus d'une heure d'Abriès-Ristolas, c'est à la pharmacie de Guillestre que les habitants devront se rendre en cas de fermeture.

Empêché de partir par la mairie d'Aiguilles

Souhaitant augmenter son chiffre d'affaires dans un local plus grand et mieux situé dans la vallée du Queyras, le pharmacien d'Aiguilles aurait déjà trouvé un nouvel emplacement à Château-Ville-Vieille et même entamé les démarches pour déménager.

Mais la maire d'Aiguilles, Dominique Bucci Alberto, qui a proposé deux autres emplacements dans le village au pharmacien, menacerait de saisir la justice.

En France, la loi autorise l'installation ou le transfert d'une officine lorsque la population d'un territoire est supérieure ou égale à 2.500 habitants, un nombre supérieur à la population du Queyras.

Une décision qui doit être prise par le directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) après avis des syndicats représentatifs de la profession et du conseil régional de l'ordre des pharmaciens.

Des discussions en cours

Contactés par BFM DICI, ni la direction départementale de l'ARS, ni le représentant local de l'ordre des pharmaciens n'ont répondu à nos sollicitations.

Valérie Garcin-Eyméoud, maire de Molines-en-Queyras et conseillère départementale du canton de Guillestre, explique quant à elle comprendre les craintes de Dominique Bucci Alberto et son souhait de conserver un minimum de services dans le village d'Aiguilles.

Elle rappelle néanmoins l'importance d'empêcher la disparition de la seule pharmacie du Queyras. Des discussions sont en cours pour trouver un terrain d'entente et préserver l'intérêt de tous.

Jérémie Cazaux