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"On veut comprendre": le père de l'adolescente grièvement blessée dans un accident de luge sur rail aux Orres témoigne

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Si le respect des consignes de sécurité par la jeune fille est mis en cause dans cette affaire, son père estime que la sécurisation de la luge devrait être au centre des débats. La famille a porté plainte contre la mairie.

"Si vous ne respectez pas les consignes de sécurité, vous allez mourir. Il faudrait plutôt mettre un panneau comme ça à l'entrée." Une semaine après l'accident de sa fille de 13 ans, Lou, sérieusement blessée après avoir été éjectée de la luge sur rail aux Orres, son père Éric reste sous le choc.

"Elle a été traînée sur 30 mètres à plus de 40km/h. Elle a un pneumothorax, huit côtes cassées, un traumatisme facial, et une plaie de 20cm de longueur sur 7cm de profondeur au flanc qui a touché le foie et un rein", détaille-t-il auprès de BFM DICI.

La cousine de Lou, qui était avec elle sur la luge, n'a pas été éjectée, elle souffre de blessures plus légères, des points de suture au tibia et au talon. Depuis jeudi dernier, Lou est toujours hospitalisée à Gap. Éric et sa femme Laure sont constamment à ses côtés: "L'état de santé de notre fille est ce qui nous préoccupe le plus".

Déjà deux accidents similaires

Quand l'accident se produit, les parents de Lou ne sont pas sur place. "Notre fille était en vacances avec sa cousine et sa tante aux Orres", précise Éric, qui est monté directement de Carnoux-en-Provence, là où est situé le domicile familial, à une vingtaine de kilomètres de Marseille.

Après le choc vient le temps des questions. Les parents se demandent comment un accident aussi grave a pu se produire. À l'hôpital, la famille apprend que ce n'est pas le premier accident sur cette attraction.

En février, deux filles de 10 et 13 ans avaient également été blessées. Des blessures qui leur avaient valu 30 et 45 jours d'incapacité totale de travail (ITT). "On a su qu'il s'était déjà passé quelque chose. Et on se demande comment la luge a pu rouvrir."

Un non-respect des consignes ou de sécurisation?

Après l'accident, Pierre Vollaire, le maire de la commune et président de la Semlore (gestionnaire de la luge sur rail) a rapidement réagi. "Selon les premiers éléments dont nous disposons, notamment des vidéos, il semblerait que les consignes de sécurité n'aient pas été respectées. Il y a des consignes de sécurité qui sont importantes et qui sont données à l'ensemble des clients qui prennent cette luge", a-t-il indiqué au micro de BFM DICI vendredi dernier.

Une prise de parole qui a indigné la famille de la victime. "D'après ce que nous ont dit les filles, on leur a demandé si elles avaient déjà fait de la luge au préalable. 'Oui? Bon ben merci'", retrace Éric, mimant le dialogue qui aurait eu lieu. "On n'a pas la preuve formelle qu'il y a eu un irrespect des consignes et d'ailleurs l'enquête est en cours." Ce que confirme la procureure de Gap, Marion Lozac'hmeur, qui ajoute qu'elle a "été confiée à la gendarmerie d'Embrun, afin de comprendre les circonstances de l'accident."

Le père de famille va plus loin. Pour lui, la question de savoir si Lou et sa cousine ont respecté les consignes de sécurité n'est pas celle qui doit se poser dans le débat public.

"C'est irréel. Quand vous laissez rentrer des mineurs dans une attraction, la moindre des choses, c'est qu'ils puissent en sortir comme ils sont rentrés. Là, le message, c'est que vous prenez le risque de jouer avec votre vie si vous ne respectez pas les consignes, alors que sur le site internet on vous dit qu'il faut battre des records de vitesse".

Malgré la douleur, la famille assure ne pas chercher de bouc émissaire, mais compte se battre pour que d'autres accidents ne se produisent pas à nouveau. Plutôt que la responsabilité des enfants, ou celle des adultes qui laissent les enfants monter à bord de la luge, c'est la sécurité de l'attraction qu'ils ont dans le viseur.

"On veut comprendre le système de sécurité. Apparemment, ce sont des ceintures sans prétendeurs. Et on ne vous propose ni gants, ni casques, ni quoi que ce soit... C'est hallucinant."

La famille de la victime porte plainte contre la mairie

Contacté, Pierre Vollaire rappelle ce mercredi 21 août que "l'équipement est réglementaire, sécurisé, contrôlé, est passé sous toutes les fourches caudines de tous les agréments et est présent dans un certain nombre de stations".

L'édile se dit aussi "très affecté par l'accident" et attend désormais les conclusions de l'enquête, concédant "qu'en fonction de ce qui sortira, [il regardera] ce qui peut être fait pour encore renforcer la sécurité".

Interrogé sur le précédent incident en février et la réouverture de la luge depuis, le maire des Orres rappelle que le parquet avait "conclu à un non-respect des conseils de sécurité et avait laissé rouvrir l'équipement". L'enjeu financier et touristique est d'ailleurs réel pour la station, puisque la luge génère 135.000 passages par an.

En attendant, Lou, bien que toujours hospitalisée, va mieux. Elle est sortie du service de réanimation mardi et devrait pouvoir regagner son domicile vendredi.

"Les parties touchées les plus sensibles comme le rein et le poumon se rétablissent de bonne manière", confie le père de la jeune fille, la voix soulagée. "Son ITT n'a pas encore été définitivement fixée, au regard de la gravité des blessures", rappelle la procureure de Gap.

Le deuxième combat qui s'annonce pour la famille de Lou est désormais judiciaire, puisqu'ils ont déposé plainte contre la mairie des Orres. La luge sur rail, quant à elle, est fermée jusqu'à nouvel ordre.

Thibaut Ghironi