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Municipales 2026 à Briançon: la gauche peut-elle reprendre la mairie à Arnaud Murgia?

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ANALYSE. À un an des élections municipales en mars 2026, BFM DICI vous propose un état des lieux dans les quatre plus grosses communes des Alpes du Sud. Ancien attaché parlementaire et observateur de la vie politique locale, Serge Moro nous livre son analyse toute cette semaine. À Briançon, Arnaud Murgia entend bien surfer sur les Jeux olympiques des Alpes 2030 pour tracer le contour d'une nouvelle campagne. La France Insoumise espère bien contrecarrer ses plans.

"À Briançon, le code a changé depuis juin 2020. Après 12 ans de gestion à gauche, la sous-préfecture des Hautes-Alpes a basculé à droite cédant la place à Arnaud Murgia. Ce dernier l’avait emporté au second tour avec 49% des voix exprimées, devant le maire sortant, Gérard Fromm qui pour l’occasion s’était allié avec la liste conduite par Romain Gryzka, ennemi d’Arnaud Murgia, lors des précédents scrutins.

La troisième liste encore en lice au second tour, celle d’Aurélie Poyau, ancienne adjointe de Gérard Fromm et son binôme au conseil départemental, avait comptabilisé 20,27% des voix. 25 sièges du conseil municipal étaient alors revenus à la liste d’Arnaud Murgia, cinq à la liste de Gérard Fromm, et trois à Aurélie Poyau.

Depuis, Gérard Fromm n’a jamais siégé au conseil municipal, Aurélie Poyau porte depuis quelque temps une opposition très mesurée, et Romain Gryzka a quitté la vie politique locale. Dans la foulée, Arnaud Murgia, a pris la présidence de la Communauté de communes du Briançonnais, devenant un vice-président très écouté au conseil départemental.

La "méthode Murgia"

En cinq ans, Arnaud Murgia a construit sa méthode: une capacité de dialogue suivie d’une vigueur dans l’action. Avec un leitmotiv: une ville qui s'adapte, qui change, et surtout une ville résiliente, c'est-à-dire capable d'anticiper les risques, de s'y préparer pour construire un avenir serein pour le quotidien des habitants. Avec toujours en tête une ambition, faire de son territoire un modèle de ville durable en montagne, en misant sur le développement d’un tourisme quatre saisons construit sur une forte coloration sportive.

Sur le territoire, la plupart des projets annoncés lors de la campagne municipale de 2020 semblent être menés à bien ou en cours d’achèvement.

Sans être exhaustif, on citera la réhabilitation du Parc des Sports, qui concrétise une promesse de campagne, celle d'investir massivement dans des infrastructures sportives de qualité. En 2025, les équipements sortent de terre et sont progressivement mis à disposition des divers types d’utilisateurs, tels que les clubs, individuels ou les écoles.

Autres projets en cours de réalisation et qui seront opérationnels en 2025, l'ouverture de la nouvelle cité administrative, la transformation de l'esplanade du marché couvert en nouvelle extension des parcs du 15/9, l'aménagement des deux places d'armes, à côté de la toute nouvelle place de l'Europe et de la galerie Paul-Blein, réhabilitée.

Enfin, il faut évoquer la reconversion sous la forme d'une ZAC, des casernes du 15/9, qui constituera un nouveau quartier en plein centre-ville.

Briançon a porté sur ce mandat un plan d'investissement atteignant quasiment 72 millions d'euros, soit le double de la précédente. Pour autant, les finances de la ville, en difficulté depuis plus de 30 ans n’ont pas été écornées, avec une renégociation de la dette, réétalée, et couplée à un plan d'économie sur la gestion propre de la commune.

Les JO 2030 dans un coin de la tête

On ne peut pas évoquer Briançon en 2025 sans parler des Jeux olympiques et paralympiques des Alpes 2030.

Si cet événement ne fait pas l’unanimité, Arnaud Murgia l’empoigne comme une chance historique du territoire pour les 50 prochaines années. Il s’implique activement dans cette dynamique des JO avec en particulier le projet - en cours d’étude - de futur village des athlètes au Fort des Têtes, permettant d’initier une réhabilitation et une sauvegarde de ce patrimoine historique du Briançonnais.

Que va-t-il se passer en mars 2026? Arnaud Murgia sera-t-il candidat pour un second mandat? Comme tous les maires en fonction, et qui veulent revêtir le plus tard possible l’habit de candidat, il ne dévoile pas ses intentions et se dit "au travail". Il est aujourd’hui un élu à plein temps, sans autre engagement professionnel. Il est pleinement impliqué dans la dynamique des JO 2030. On peut penser qu’il souhaitera prolonger de six ans son action au service de Briançon et du Briançonnais.

La gauche peut-elle y arriver?

Personne ne se précipite non plus du côté des listes d’oppositions potentielles, prolongeant le ressenti d’une forme de démobilisation de l’opposition au sein du conseil municipal. On pense ainsi à Aurélie Poyau, qui n’a fait aucun signe permettant d’étayer un renouvellement de sa candidature.

Aucune déclaration officielle n’est donc encore actée à Briançon, avec une présence assez discrète d’éventuels candidats sur le terrain. Ce sont, de fait, 33 noms en parité hommes-femmes qu’il faut présenter pour déposer une liste.

À l’heure actuelle, c’est plutôt sans certitude une dynamique apparentée à LFI qui pourrait se profiler, avec Capucine Mounal, en tête de liste. Elle a été candidate aux législatives en 2022 sous l’étiquette de la Nupes.

La même interrogation se pose de l’autre côté de l’échiquier politique, au RN, où n’émerge aucun nom de candidat potentiel voire seulement de personnalité locale incarnant cette tendance politique. On se souvient que Nicolas Faure, à l’époque membre du Rassemblement national et soutenu par la Droite Populaire et Debout la France, n’avait pu être candidat pour les élections municipales, dans l’impossibilité de présenter une liste complète".

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