Logement, salaire... Sophie Binet était à Vars pour rencontrer les saisonniers de la station

Un vent froid descend du sommet de l'Eyssina. Bonnet mauve sur la tête et écharpe assortie, Sophie Binet plaisante: "Heureusement que vous ne m'avez pas mise sur les skis". La secrétaire générale de la CGT est venue rencontrer les saisonniers de la station de Vars, accompagnée par quelques membres de la délégation haut-alpine. D'autres sont sur les pistes, au contact des pisteurs et skimans.
Dans les restaurants, chez les loueurs de skis, même dans les boulangeries, Sophie Binet discute avec les salariés saisonniers, se renseigne sur leurs conditions de travail. La plupart sont satisfaits de leur patron, "sinon on ne reviendrait pas", glisse l'un d'eux. Mais tous connaissent des employés pour qui les choses sont plus compliquées. "Il y en a pour qui ça ne se passe pas très bien, témoigne Laurine, 27 ans. La question des salaires, des jours de repos, des heures supplémentaires qui ne sont pas réglées."
La difficulté de se loger
Pour Manu, Breton de 45 ans, il y a une autre difficulté qui frappe les saisonniers, celle de se loger. "C'est une question majeure, primordiale. À Vars, si on n'a pas de logement on n'a pas de boulot", assure-t-il. Comme de nombreux saisonniers, il passe ses nuits dans un camping-car. D'autres négocient un logement avec leurs patrons à un loyer abordable, ou comme avantage en nature.
Car les loueurs de meublés préfèrent louer leurs biens à la semaine à des tarifs bien plus élevés qu'à la saison. "Un loueur doit comprendre que pour accueillir des touristes, il faut qu'il y ait des saisonniers", détaille Sophie Binet, au micro de BFM DICI. "Ce sont eux qui font tourner les stations. Si les saisonniers n'ont pas les moyens de se loger, il n'y a pas de tourisme. C'est obligatoire mais très peu mis en place, il doit y avoir une offre de logements adaptée pour les travailleurs et travailleuses dans les stations".
Ajoutant: "C'est ce que nous allons défendre avec les JO 2030, il va y avoir beaucoup de logements construits, c'est important qu'ils soient construits dans la durée pour améliorer l'offre de logement pour les saisonniers."
Des encouragements pour se syndiquer
Au fil des échanges, Sophie Binet encourage les saisonniers à se syndiquer, à revendiquer leurs droits. À lancer des mouvements de grève, si nécessaire, en prenant en exemple les mouvements lancés en 2021 par les employés des remontées mécaniques. Certains s'estiment impuissants. "Si les remontées mécaniques sont fermées, ça bloque tout le monde, si un loueur de ski ferme un jour, faute d'employés, personne ne s'en rendra compte", estime l'un d'eux.
Une affirmation que réfute Sophie Binet: "En France, il y a un million de travailleurs saisonniers, explique-t-elle. On veut transformer leurs contrats de travail. C'est ce que l'on a fait pour les intermittents du spectacle, et on voit qu'on peut sécuriser les contrats de travail, même sur des activités par essence intermittentes".
L'emploi face au réchauffement climatique
Des activités intermittentes et peut-être menacées par le réchauffement climatique. Des stations ferment partout dans les Alpes, avec autant d'emplois qui disparaissent. "Le problème, c'est que les saisons se raccourcissent et les saisonniers ne travaillent plus assez longtemps pour ouvrir des droits aux allocations chômage", explique Sophie Binet.
"Au Conseil national de la montagne, la CGT porte des propositions pour diversifier l'activité en montagne. Cela n'a aucun sens de concentrer l'activité sur une saison très courte. Il faut développer la montagne de façon harmonieuse en conjuguant les enjeux sociaux, environnementaux et économiques." Cette opération de sensibilisation de la CGT a porté ses fruits pour le syndicat, puisqu'au moins cinq personnes se sont syndiquées au cours de l'après-midi.