Laragne-Montéglin: des parents d'élèves mobilisés pour dénoncer près de 1.000 heures de cours perdues au collège

Des élèves de 4e (photo d'illustration) - Philippe Huguen/AFP
Ce jeudi 12 décembre, à Laragne-Montéglin (Hautes-Alpes), une trentaine de parents d’élèves et de professeurs se sont rassemblés dès 7h30 devant le collège Les Hauts de Plaine pour dénoncer une situation alarmante: plus de 1.000 heures de cours non assurées depuis la rentrée, faute de remplacements.
"C'est du jamais-vu dans ma carrière" révèle un professeur d'EPS du collège des Hauts de Plaine, lui aussi mobilisé devant l'établissement.
Le maire de la commune était également sur place.
"1000 heures de cours qui ne sont pas assurés"
Julie est parent d'élève d'un garçon en 4e et dénonce trop d'heures de cours perdues depuis la rentrée.
"On est à presque 1.000 heures de cours qui ne sont pas assurées auprès des élèves. Une partie a été remplacée, mais le problème, c'est qu'elle est remplacée, mais pas par les bonnes matières. Les programmes ne sont donc pas tenus", déclare-t-elle.
Obtenir des professeurs remplaçants est un problème national. "La principale du collège fait le nécessaire pour demander des remplaçants, sauf qu'on ne les obtient pas. On a interpellé le DASEN (directeurs académiques des services de l'éducation nationale, NDLR), on attend encore une réponse. Au niveau du ministère aussi, qui nous a fait une réponse automatique en nous disant que leur priorité était le remplacement des professeurs. Mais dans les faits, ce n'est pas ça", s'inquiète la maman du jeune garçon.
"Une partie des cours perdus a été remplacée par des professeurs, volontaires pour faire des heures en plus, sauf qu'un professeur d'anglais peut remplacer des cours d'histoire", ajoute-t-elle.
"On a aucune solution"
Jérôme Bonnet est parent d'élève d'une jeune fille de 6e qui n'a pas de cours d'histoire depuis la rentrée. Ses cours ne sont pas remplacés :
"On ne peut que se lamenter qu'il y a déjà plus d'un trimestre où elle n'aura pas eu de cours d'histoire. Elle est aussi dans une classe où il n'y a pas de cours d'anglais donc à part constater que le programme n'est pas fait, on n'a aucune solution."
Et quand on lui demande, comment ces heures pourraient être rattrapées durant le reste de l'année scolaire, sa réponse est très claire: "Ça ne sera pas rattrapé. Les enseignants et l'équipe pédagogique du collège disent clairement que de cette ampleur-là, ce n'est pas rattrapable. Quand bien même il y aurait un remplacement de professeurs dans les prochains jours où prochaines semaines, aujourd'hui l'impasse est faite. L'inquiétude est grande. Ce qui est désespérant, c'est l'absence de solution."
Le père de famille, représentant des parents d'élèves, indique également que des cours en visio ont été annoncés, mais n'ont finalement pas été mis en place. Des parents, mobilisés jusqu'ici silencieusement, qui souhaitent maintenant avoir des vraies solutions et être aussi compris et écoutés par le ministère et le DASEN.
Un risque de décrochage scolaire
L’inquiétude est particulièrement vive pour les élèves de 3e, privés de cours d’histoire depuis le début de l’année scolaire. Simon Abbiate, professeur d’EPS au collège de Laragne-Montéglin depuis quatre ans, s'alarme: "Un professeur d'histoire est absent depuis le 1er septembre. Il va être remplacé de manière numérique, mais ça n'a été mis en place que la semaine dernière seulement, ajouté à un professeur d'anglais et un d'espagnol absent, on est à prêt de 1000 heures de professeur absent. Il y a l'enjeu du brevet qui approche pour les élèves de 3e".
Ce manque de régularité contribue à un fort décrochage scolaire: "On a des élèves absentéistes en 3e, qui ne prennent plus leur scolarité au sérieux. C'est un vrai souci pour nous, on a beaucoup d'élèves à Laragne en difficulté scolaire."
"On a peur de ne pas réussir notre brevet"
Pour les élèves de 3e, comme Mila, qui a manqué énormément d'heures de cours, l'inquiétude est grandissante.
"On est très en retard. Le seul cours en visio qu'on a eu était insupportable, on devait tous parler très fort pour qu'il nous entende, je n'avais pas l'impression de parler à quelqu'un de vivant, j'avais plus l'impression de regarder un film plutôt qu'avoir une interaction avec quelqu'un", regrette la collégienne de 14 ans.
"Et puis, on a eu beaucoup d'Anglais à la place de cours d'histoire-géographie. On n'a peur de ne pas réussir notre brevet", poursuit-elle.
Son amie ajoute qu'il y a aussi des impacts sur les autres élèves notamment sur les épreuves du brevet blanc: "Pour les entraînements, ça nous pénalise nous aussi. Il leur manque un grand morceau du programme, donc ça pénalise tous les 3e. On aura qu'un seul chapitre pour s'entraîner, ce n'est pas un vrai entraînement".