"Je ne voulais pas le tuer": le procès du meurtre de Barret-sur-Méouge se poursuit

"Je ne voulais pas qu’il meure, et je ne voulais pas le tuer". Ce mardi 24 juin, la cour d'assises de Gap s'est questionnée sur l'aspect volontaire ou non de la mort de Gérald Beauny, abattu par balles en avril 2022 à Barret-sur-Méouge par son voisin Alexandre Onomoni. Le procès s'était ouvert la veille.
En détention depuis 36 mois, l'accusé ne nie pas les faits et regrette son geste. "Il ne méritait pas ça, c’était un homme bien", a notamment déclaré ce dernier d’un ton calme devant la cour.
"J’étais ailleurs, j’avais peur"
Le soir du 30 avril 2022, une violente bagarre a éclaté entre Gérald Beauny et son fils Dylan. Rapidement, Alexandre Onomoni est intervenu. "Je suis partie chez moi prendre une arme lorsque j’ai vu qu’il pointait une arme sur la carotide de son fils", précise l’accusé.
Ce dernier assure qu'il pensait avant tout à se défendre. "J’ai sorti mon revolver, j’ai tiré dans les buissons et j’ai remis le cran de sécurité", affirme-t-il.
Après le départ de Dylan Beauny, tout s’est enchaîné, avec un premier coup tiré au niveau du bras. "Selon l'institut médico-légal, il n’était pas mortel”, détaille la Présidente de la Cour. Mais deux autres coups de feu ont été tirés et ont atteint la tête de la victime.
Selon les conclusions d'un expert balistique, le troisième coup a été tiré à moins de cinq centimètres de la tête de la victime. "Je n’ai jamais voulu de ma vie que ça soit fait exprès, à ce moment-là, je ne savais plus quoi faire, j’étais ailleurs, j’avais peur", détaille l’homme d’une cinquantaine d'années.
La version de l'accusé mise à mal
Les témoins se sont succédé à la barre. L'expert balistique, lui aussi interrogé, afin d'analyser les différents coups tirés par Alexandre Onomoni. À travers ses conclusions, il a pu détailler, à l’aide de croquis, l’impact des balles ainsi que le positionnement présumé du tireur.
Devant la cour, dans une boîte transparente fermée à clé, ont été présentées les armes utilisées lors de ce meurtre. Sous l'œil attentif des jurés, l’expert a pu faire une démonstration avec l’arme utilisée par Alexandre Onomoni le soir des faits.
"Sur ce type de semi-automatique, il y a une sûreté manuelle, c’est le tireur qui peut l’activer", a-t-il souligné, arme à la main.
"On peut parler d’accidents quand il y a 800 grammes au niveau de la résistance pour des personnes en compétitions, par exemple. 2,6 kg, c’est comme un fusil de chasse, il faut vraiment appuyer dessus pour que ça parte", a ajouté l'expert.
Une prise de parole qui remet donc en cause la défense de l’accusé, qui martèle que la mort de Gérald Beauny était involontaire.
Le profil de la victime étudié
Après avoir reçu les conclusions de l’expert, la cour s’est intéressée au profil de la victime. Gérald Beauny avait été abandonné dans un hôpital parisien à l'âge de 18 mois, avant d'être pris en charge par la DDASS.
"Il n’a jamais connu son père et il en souffrait", a souligné Dylan Beauny. Après ce départ de vie complexe, l’homme de 63 ans s'était réfugié dans l’alcool. "Je pense que c’est lié à son enfance et en l’absence de son père", a poursuivi son fils.
La personnalité de la victime a donc été établie. "Mon père, c’était quelqu’un de bien, je l’aimais", déclare Dylan Beauny. Son petit-fils le décrit aussi comme quelqu’un de serviable et de gentil. Pourtant, lorsque Gérald Beauny était alcoolisé, ce dernier pouvait “ être compliqué” selon les dires de son fils.
L’entourage de la victime s'est aussi fait questionner sur cette soirée, en passant par le fils, son ancienne petite amie, le petit-fils ou encore un ami proche de la famille.
L’ambiance s’est ensuite tendue dans l’après-midi, avec les interpellations de l’avocate générale, qui a souhaité illustrer troisième tir dans la tête de la victime.
"Un homme au sol ne représente pas une menace", a-t-elle plaidé.
Devant les Assises, l'accusé répondra du chef d'accusation de meurtre et de détention non autorisée d'arme et de munitions. Le délibéré est attendu ce mercredi 25 juin.