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Intempéries dans les Hautes-Alpes : un an après de lourds dégâts, où en est la reconstruction?

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Un an après les intempéries du 1er décembre 2023, que deviennent les communes dévastées dans les Hautes-Alpes ? Plusieurs maires font le point sur les dégâts et les travaux qu’il reste encore à faire.

Les intempéries du 1er décembre 2023 ont bouleversé l'entièreté du territoire des Hautes-Alpes, marquant ses habitants au fer rouge. “On a jamais vu ça”, lance d’emblée Marcel Cannat, vice-président du Conseil départemental des Hautes-Alpes chargé des routes, sur le plateau de BFM DICI.

Quid du pont de Risoul?

De nombreuses communes ont vu leurs rues et leurs routes dévastées par le déluge, provoquant la mise en place de travaux colossaux, et parfois urgents.

À Risoul, la station avait été coupée du monde durant plusieurs jours à la suite des dégâts causés par les intempéries sur l’une de ses routes. A l’époque, la saison de ski s’apprêtait à être lancée, l’urgence était donc réelle. En 12 jours, un pont militaire provisoire avait été construit.

Sauf que ce pont provisoire va bientôt laisser sa place: une autre route définitive doit être construite et serait praticable dès l’été 2025, affirme Marcel Cannat.

"On souhaiterait que les travaux que nous avons réalisés puissent servir pour faire un ouvrage définitif", ajoute-t-il.

Sur le reste de la commune, “on a fait tout ce qui était possible et dans nos moyens. Il nous reste beaucoup de choses”, indique Régis Simond, maire de Risoul. Les travaux d’urgence, “qui se voyaient”, ont été directement réalisés.

L’édile note cependant un manque de financements pour venir à bout de tout ce qui reste à reconstruire. A ce jour, la commune de Risoul a dépensé 800.000 euros avec l’aide du département.

Des communes dévastée à plusieurs reprises

Ces intempéries ont créé un trou immense dans les comptes des communes des Hautes-Alpes. Gaëlle Moreau, maire de Vallouise-Pelvoux, dénombre 2,9 millions d’euros de travaux pérennes encore à réaliser, notamment le dévoiement de la conduite d’eau potable et la sécurisation des routes d’accès.

Elle évoque aussi un parking et une route communale à reconstruire. “J’ai encore, je dirais, tout à refaire”, affirme l’édile.

Les Ecrins avaient été durement touchés, et l’ont été à de multiples reprises depuis. Pour Gaëlle Moreau, c’est “une année sans fin”, après avoir obtenu quatre déclarations de catastrophe naturelle sur son territoire depuis octobre 2023.

Même histoire pour la Vallée du Champsaur et du Valgaudemar, qui avait déjà été marquée par le passage de la tempête Aline du 19 au 20 octobre 2023.

A la suite des inondations survenues au mois de décembre, Fabrice Borel, Président de la Communauté de communes Champsaur-Valgaudemar, se souvient de l’appui du département pour l’accompagner face aux routes menacées, à l’eau potable coupée ou encore aux problèmes au niveau de l'assainissement.

“On a eu la chance d’avoir des entreprises qui ont été là et qui ont été réactives”, dit-il, saluant un “élan de solidarité”.

Le minimum a été fait, mais d’autres travaux sont en attente. Il prévoit par exemple de “conforter encore des digues” et de réaliser des curages avec les fonds qui devraient bientôt lui être attribués.

L'appel à des démarches administratives "simplifiées"

Les catastrophes survenues sur le territoire ont aussi mis en lumière le mille-feuille des documents administratifs, qui complique la tâche aux édiles, ainsi qu’aux habitants.

A Guillestre, par exemple, les intempéries avaient tout ravagé, notamment un hall d’un Intermarché. Un an plus tard, les travaux n’ont pas débuté au sein de ce hall. En cause: des papiers administratifs qui s’éternisent. L’ouverture n’est estimée qu’en décembre 2025. En attendant, les produits alimentaires sont disposés dans un autre hall situé juste en face.

"On a déjà beaucoup de papiers qui sont dans la boue. Après il faut aller se renseigner au niveau des administrations et c'est un petit peu long. Tout ça prend vraiment beaucoup beaucoup de temps", explique la gérante Magali Coste.

Ces difficultés administratives sont notamment pointées du doigt par Gaëlle Moreau, maire de Vallouise-Pelvoux. La commune a essuyé une rupture d’une conduite d’eau potable essentielle, la destruction partielle des routes et une forte érosion des berges.

Pour mener ces travaux d’une façon efficace, elle aurait aimé des autorisations obtenues “plus rapidement” et, plus généralement, “des démarches simplifiées”, qui faciliteraient une réaction “si on a encore des épisodes à vivre comme moi j’ai pu les vivre en une année”, parfois à la chaîne.

D’autant plus que l’ampleur des chantiers a été colossale et qu’il en reste encore d’autres à lancer. A l’échelle des Hautes-Alpes, les travaux s’élèvent à 15 millions d’euros.

“Nous avons fait des travaux provisoires”, explique Marcel Cannat. “Notre priorité était de rouvrir les axes, maintenant on va passer aux travaux définitifs. Il faut compter encore 2, 3 millions d’euros”, ajoute-t-il.

Mélanie Hennebique