Hautes-Alpes: un passeur syrien condamné à deux ans de prison ferme

Un passeur syrien est passé mercredi, à 14 heures, en comparution immédiate au palais de justice de Gap (Hautes-Alpes). Il a été condamné à deux ans de prison ferme avec maintien en détention et scellés confisqués, mais sans interdiction de territoire français.
Il avait été interpellé jeudi dernier à hauteur de Montgenèvre par les policiers de la police aux frontières (PAF). Il transportait 13 migrants, dont huit enfants, dans une voiture contenant sept places. L'homme avait déjà reçu un mandat d'arrêt du Qatar pour escroquerie.
Le passeur est originaire d'Alep. Il avait obtenu le titre de séjour français en ce début d’année 2023.
De l'Italie à la Belgique
Il était accusé d'avoir facilité la circulation de personnes sans titre de séjour sur le territoire national, de mise en danger des personnes et de conduite sans permis. Sur ce dernier point, l'homme affirme qu'il est détenteur d'un permis international délivré aux États-Unis, mais non-valable en France.
Les témoignages des passagers ont montré que le passeur offrait ses services pour transporter des migrants de l’Italie jusqu’à la Belgique pour une somme variant entre 2500 et 4500 euros par personne. Le prix pour une famille entière: 6700 euros.
Les passagers qu'il transportait sont pour la majorité d'origine syrienne, et avaient pour but de demander l'asile en Belgique. Ils ont été mis en relation avec le passeur par du bouche à oreille et l'ont contacté sur WhatsApp.
Grâce à la géolocalisation du téléphone du passeur, la justice remarque qu'il a effectué une dizaine de déplacements de l’Italie à la Belgique ou de l’Italie au Luxembourg. Pour les justifier, l'homme déclare être allé récupérer du matériel de bâtiment en Italie, sans pour autant être en mesure de fournir des factures de ses achats. Ces trajets à travers les frontières pouvaient se faire parfois en seulement 24h.
"Je sais ce qu'ils ont perdu"
Au procès, il s'est défendu à l’aide d’une traductrice: "Je suis syrien et je sais ce qu’ils ont perdu. J’ai cru faire du bien. Je n’ai pas fait ça pour l’argent. Ça ne fait pas longtemps que je suis en France. Je veux juste ouvrir mon entreprise de carrelage".
La procureure avait requis 24 mois de prison ferme -la peine maximale- et une interdiction de venir sur le territoire français, l'accusant d'alimenter les réseaux de passeurs. Elle avait également questionné les revenus de l'homme, qui dit être seulement au RSA, mais qui parvient à voyager régulièrement d'un bout à l'autre de l'Europe.
L'avocate de la défense, maître Rozier, a affirmé que son client n'était pas un fossoyeur de la misère humaine", ni un "membre de réseau organisé", même s'il reconnaît son délit et ne "se sent pas fier" des conditions de voyages dans lesquelles il a transporté ses compatriotes.