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Hautes-Alpes: 55 "incidents" impliquant des patous recensés en 2023

Un patou protégeant un troupeau.

Un patou protégeant un troupeau. - Image Flickr

En tout, 24 incidents sont liés à des pincements ou des morsures de ces chiens de protection sur des personnes humaines. Un chiffre qui ne comprend pas les procédures judiciaires.

La cohabitation entre le pastoralisme et les autres activités en montagne est de plus en plus mise à l’épreuve dans les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence. Ce lundi 15 juillet, BFM DICI annonçait le dépôt d’une plainte par un habitant du Rhône victime d’une attaque de patous au col Izoard alors qu’il promenait son chien.

Une situation loin d’être exceptionnelle, qui pousse parfois les maires à prendre des décisions radicales, comme celle du maire de Manteyer, au-dessus de Gap, qui a décidé d’interdire la présence de chiens, même tenus en laisse, sur une partie de la montagne de Céüse.

55 incidents en 2023

Une solution radicale pour favoriser l’alpage et éviter une mauvaise rencontre entre des randonneurs et des chiens de protection. Car c’est certainement le problème majeur que rencontrent les locaux et touristes qui veulent profiter de la montagne l’été: la cohabitation avec les patous.

La Direction Départementale du Territoire (DDT) assure un recensement des incidents impliquant les chiens de protection.

"En 2023, la DDT a recensé 55 incidents dont 24 pincements/morsures sur personnes humaines. Le recensement s'appuie sur les remontées des mairies, des offices de tourisme, des gendarmeries, des parcs (régionaux et national) et du questionnaire en ligne 'Mon expérience avec les chiens de protection'", fait savoir la préfecture des Hautes-Alpes à BFM DICI.

Cet accompagnement est toutefois à distinguer des procédures judiciaires, qui ne sont pas comptabilisées dans ces chiffres.

Des chiens nécessaires pour la protection des troupeaux

La préfecture rappelle que les chiens de protection est un moyen très efficace pour la protection des troupeaux face à la prédation des loups.

"À ce titre, l'aide à la protection des troupeaux face à la prédation, financée par l'Etat et à destination des éleveurs, finance en partie l'achat de chiens, leur entretien et un accompagnement technique pour la mise en place de chiens", indiquent les services de l’État.

Les chiens de protection ne sont pas considérés par la loi comme des chiens "dangereux" (c’est-à-dire des chiens de première ou deuxième catégorie). Les éleveurs ne sont pas tenus de respecter les mesures obligatoires relatives à leur détention.

En cas de conflits d'usage et de morsure, le maire est l'autorité compétente pour gérer la situation. Il peut demander au propriétaire du chien de prendre des mesures (évaluation comportementale du chien, mesures d'éloignement, suivi d'une formation par le propriétaire...).

Le développement de la médiation pastorale

Face aux difficultés de cohabitation entre pastoralisme et autres activités de montagne, la médiation pastorale apparaît, selon la préfecture, "comme un élément facilitant le partage de l'espace". De nombreuses structures (parcs, communautés de communes, communes ou association) proposent ainsi de la médiation pastorale.

Pendant l'été 2024, plus de 25 médiateurs pastoraux sillonneront les sentiers du département pour expliquer ce qu'est le pastoralisme, les bons comportements à adopter avec les chiens de protection et faire le lien avec le berger ou les éleveurs.

Chaque saison, les chiens de protection prouvent leur efficacité pour limiter les attaques de loups. Le vendredi 12 juillet dernier par exemple, sur la commune d'Upaix, un chien de protection a été blessé par un canidé.

L'expertise est toujours en cours. Chaque année, plusieurs chiens de protection sont blessés voire tués après des attaques avec des loups. "Depuis 2020, on compte 17 dommages indemnisés impliquant 26 chiens de protection blessés et un mort", conclut la préfecture des Hautes-Alpes.

Valentin Doyen