Gestion de l'eau: le maire de Gréoux-les-Bains porte plainte contre le maire de Quinson pour diffamation

Paul Audan reproche à Jacques Espitalier une phrase sortie lors des débats sur la gestion de l'eau dans l’agglomération. Ce dernier aurait déclaré que "Paul Audan était le pollueur du Verdon".

Le débat sur l’eau de mardi soir en conseil communautaire n’en finit plus de faire des remous. Il a été décidé, à la majorité, que l'eau serait à l’avenir gérée en régie publique, c'est-à-dire par la DLVA elle-même, pour l’ensemble des 25 communes de Durance Luberon Verdon Agglomération. Jusqu’à présent, ce n’était pas le cas: l’eau de Gréoux-les-Bains ou de Manosque est d'ailleurs gérée par une délégation de service public (DSP). 

Les élus communautaires de ces deux communes se sont quasiment tous opposés à ce choix voulu par la DLVA et défendu avec vigueur par Serge Faudrin, maire de Villeneuve et vice-président en charge de l’eau à l’Agglomération.

"Un choix plus équitable et logique", note l’élu qui rappelle "que personne n’a proposé de meilleures solutions en conseil communautaire".

D’autant que les élus favorables à ce passage s’accordent à dire que cette uniformisation permettra d’améliorer les réseaux existants et parfois vétustes. 

"Paul Audan est le pollueur du Verdon!"

Du côté de Gréoux et Manosque, on craint une augmentation du prix de l’eau. "Une régie publique n'a pas le droit de rendre un bilan déficitaire, à l'inverse d'un privé. S'il manque 40.000 euros en fin d'année (investissements, embauche de personnel etc.), la régie publique devra automatiquement augmenter le prix de l'eau. Ce que n'accepte pas [Camille] Galtier qui s'est engagé à ne pas augmenter les impôts", détaille un élu manosquin.

Les débats de mardi ont donc été houleux. Un échange tendu a notamment eu lieu entre les maires de Gréoux-les-Bains et Quinson.

"Paul Audan est le pollueur du Verdon!" aurait lancé Jacques Espitalier à son homologue. "Des propos indignes qui n'ont pas leur place dans un hémicyle", pestent les soutiens du maire de Gréoux.

Ce dernier a donc décidé de déposer plainte en gendarmerie pour diffamation contre le maire de Quinson.

Visé par cette plainte, le maire de Quinson précise ses propos sur BFM DICI: "Le maire de Gréoux se félicite d’avoir limité les coûts de l’eau en DSP, très bien, sauf que la surtaxe qui devait revenir à la DLVA a été supprimée. La station la plus pourrie du bassin-versant du Verdon, c’est celle de Gréoux-les-Bains."

Il poursuit: "Parfois, il y a des rejets non-conformes dans le Verdon, ce qui pourrait pousser Vinon à interdire la baignade à l’année. Les économies réalisées par les Gryséliens hier, ce sont l’ensemble des habitants de la DLVA qui vont devoir les payer demain pour remettre aux normes la station de Gréoux."

Pour le maire de Quinson, "avoir des touristes et des fleurs, c’est bien, mais une bonne eau, c’est bien aussi". Il insiste en disant ne vouloir dire "que la vérité" au maire de Gréoux, "qui parfois est difficile à entendre".

"Je ne suis pas un maire pollueur"

Sollicité par BFM DICI, Paul Audan, maire de Gréoux-les-Bains se défend face à ces accusations: "Je ne suis pas un maire pollueur". L'édile rappelle que lors du conseil communautaire il a surtout fait part de son inquiétude au sujet du porte-monnaie de ses administrés, en ajoutant qu'il était très satisfait du travail fait avec la DSP depuis les années 1980, comme c'est aussi le cas à Manosque. 

En revanche l'élu est particulièrement inquiet au sujet de la quarantaine d'embauches prévues dans l'agglomération pour assurer l'unification de la gestion de l'eau et de l'assainissement. Des embauches qui vont peser économiquement sur le budget de l'agglomération. 

Concernant les propos du maire de Quinson au sujet des économies réalisées à Gréoux-les-Bains jusqu'ici, qui retomberaient sur les habitants de la DLVA le maire assure qu'il n'en est rien. En 2013, 300.000 euros ont été transférés à l'agglo qui depuis prélève une taxe. Le maire ajoute qu'il faudrait un peu plus d'équité en précisant que "Gréoux-les-Bains apporte dans tous les cas plus économiquement que Quinson".

Valentin Doyen, Laurie Charrié et Solenne Bertrand