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Gap: la crèche Capriss fermée jusqu’à nouvel ordre, une trentaine de parents dans l’incertitude

Une crèche  (Photo d'illustration).

Une crèche (Photo d'illustration). - Jean-Pierre Muller - AFP

La crèche Capriss de Gap est fermée jusqu’à nouvel ordre. Une décision qui fait suite à des difficultés de personnel en plus de problèmes de bâtiment.

"C’est une catastrophe, car je n’ai aucun accueil d’urgence. Ce n’est pas la faute du personnel qui est au top, mais bien celle de la direction qui n’a pas anticipé, malgré les remontées du terrain". Flavie* est en colère.

Cette maman gapençaise, comme une trentaine de parents concernés, rencontre depuis plusieurs jours un problème de taille: la fermeture de la crèche de sa fille. Il s'agit de la crèche privée Capriss, située sur l’ancienne route de Veynes à Gap (Hautes-Alpes).

"C'est une catastrophe"

La nouvelle est tombée le 18 septembre dernier. "Nous apprenions à 18 heures que le lendemain, la crèche serait fermée au moins jusqu’au 7 octobre", raconte la maman. Un manque de personnel chronique et des problèmes de locaux ont obligé le gestionnaire de la crèche, la ville de Gap et la Protection du milieu infantile (PMI) à prendre cette décision radicale.

"Nous savons que le délai peut être rallongé et que la crèche risque de ne plus ouvrir. Nous sommes allés chercher les vêtements de nos enfants ce lundi après-midi", explique Flavie, qui n’a pas encore trouvé de solution pour faire garder son enfant.

"Certaines mamans ont réussi à trouver des places d’urgence dans d’autres crèches. Ce n’est pas encore mon cas. C’est une catastrophe car je travaille, comme le papa de mon enfant et nous devons jongler. Je vais devoir faire une nouvelle demande au guichet unique de la mairie de Gap mais je doute sincèrement que les crèches de la ville puissent absorber près de 40 enfants supplémentaires en plein mois d’octobre, alors que tout est déjà calé", s'inquiète la mère de famille.

Cette dernière ne remet toutefois pas en cause le travail du personnel. "Il est au nombre de 8. La directrice est en arrêt maladie, comme l’infirmière. Nous en sommes à cinq directrices depuis 2021. Le turn-over est sous-payé et je ne vois pas comment la Maison Bleue va pouvoir recruter dans ces conditions", prédit la maman qui a déjà été prélevée de 538 euros pour l’intégralité du mois de septembre. Flavie a fait opposition pour ne pas perdre un centime en octobre en cas de prélèvement abusif.

"Un secteur en pleine pénurie"

"Chaque situation sera régularisée et nous travaillons avec toutes les parties prenantes pour trouver une solution à chaque famille", souhaite rassurer l’entreprise La Maison Bleue qui exploite la crèche Capriss.

"On comprend ces familles touchées car c’est compliqué de trouver un mode d’accueil du jour au lendemain, surtout dans un secteur en pleine pénurie. Il manque 10.000 professionnels et cela touche les crèches privées, publiques et associatives", souligne Candice Thomassin, responsable communication de La Maison Bleue.

Et de poursuivre: "notre équipe à Gap est superbe et nous voulons la fidéliser. Elle a toujours été en nombre suffisant pour accueillir les enfants. Par le passé, nous avons été obligés de réduire les amplitudes horaires ou fermer la crèche une semaine par manque de personnel suffisant. Là, c’est temporaire, car nous ne pouvons pas ouvrir une crèche sans le personnel suffisant et des travaux effectués. Il en va de la sécurité des enfants et des encadrants".

Concernant le recrutement, c’est un poste à la direction capable d’encadrer l’équipe en place qui semble faire défaut. Pour les travaux, le travail à réaliser semble significatif. Touché par l’humidité, le bâtiment a déjà connu des infiltrations d’eau. "Il y a des travaux qui nous incombent et d’autres plus lourds qui incombent au propriétaire, en l’occurrence la mairie de Gap. Nous espérons les meilleurs délais".

Tant que ces travaux ne sont pas faits, la crèche ne pourra pas rouvrir et la date du lundi 7 octobre semble déjà intenable.

Une situation préoccupante

Si la fermeture de l’établissement peut paraître brutale, la situation était cependant en train de devenir préoccupante. Le service Prévention, santé et offre d’accueil – qui mène une partie des missions de Protection maternelle et infantile du département en assurant le contrôle et le suivi de toutes les structures d'accueil d'enfants de moins de six ans – a mené, au cours de cette année 2024, trois visites de contrôle inopiné de la structure Capriss à Gap.

"À ces occasions, des préconisations – puis des injonctions – de mise en conformité ont été faites. Elles concernent, d’une part, la prise en compte des difficultés rencontrées par les professionnels de la structure à la suite de départs ou d’arrêts pour maladie et leur incidence sur le taux d’encadrement des enfants; d’autre part la mise en conformité du matériel et des locaux", indique le conseil départemental des Hautes-Alpes, dans l'après-midi de ce mardi 24 septembre.

Selon nos informations, la dernière injonction avait une échéance le 16 septembre. "La direction régionale de la structure avait été prévenue en amont que, sans point d’amélioration, le département saisirait Monsieur le préfet et que celui-ci pourrait – comme le prévoit le code de la Santé publique - prononcer la fermeture totale ou partielle, provisoire ou définitive de la structure", souligne Jérôme Scholly, directeur général des services du département.

En ce qui concerne la prise en charge des enfants, "une réunion a été organisée jeudi 19 septembre afin de recenser les besoins et de proposer une solution – a minima provisoire - à chaque famille", conclut le conseil départemental.

*Le prénom a été modifié.

Valentin Doyen