Gap: au deuxième jour du procès de Gilles Norotte, le chirurgien assure "n'avoir rien inventé"

(Photo d'illustration) - AFP
La deuxième journée du procès du chirurgien Gilles Norotte a été marquée par les témoignages des parties civiles ce jeudi. Parmi eux, celui de Bruno Chevalier, aujourd'hui président de l'association des victimes de la cimentoplastie discale.
Opéré en 2012 par le docteur Norotte pour une scoliose et une cyphose, le patient l'a revu pour un tassement des vertèbres. Après un an de réflexion, il accepte de recourir à la cimentoplastie discale. "Je souffrais tellement qu'il fallait faire quelque chose", explique-t-il ce jeudi.
Mais après la procédure, une fuite de ciment vers une artère est détectée et une opération a lieu pour retirer un maximum de ciment de son dos. En 2020, il finit par subir une arthrodèse sans que son état s'en trouve amélioré.
"Pris pour des cobayes"
Depuis, Bruno Chevalier a perdu son emploi de chauffeur de car pour inaptitude au travail. Interrogé par la présidente sur le délai avant qu'il ne porte plainte, il répond: "Je me sentais un peu seul contre un docteur, pour un simple chauffeur de bus".
Pour Me Guillaume Pialoux, avocat des parties civiles, ce procès n'est pas celui de la cimentoplastie "même si elle est au coeur du dossier". Il s'agit davantage du procès "d'une pratique qui sera qualifiée d'innovante sans avoir respecté les obligations légales en la matière".
Au cœur des débats s'entrecroisent en effet la notion d'innovation et celle d'information des patients. Pour lui, "certains patients ont l'impression d'avoir été pris pour des cobayes. Le docteur Norotte a plus ou moins bien expliqué les choses et a fait l'opération que lui avait envie de faire".
Le docteur Norotte, qui a longuement répondu aux questions du tribunal dans la matinée, réfute toutefois le terme d'innovation. Et de détaillers travaux sur lesquels il s'est appuyé, notamment ceux de Peter Pàl Varga, un pionnier en la matière.
"Un sentiment d'injustice"
Pour Gilles Norotte, la cimentoplastie discale n'était pas confidentielle mais bel et bien présente depuis plusieurs années dans la littérature scientifique. "Je n'ai rien inventé, cela faisait partie de la culture médicale à cet instant. C'est une technique innovante uniquement pour ceux qui ne la connaissent pas".
Confronté à ce que ses patients ont ressenti comme un manque de communication de sa part, il admet ne pas être bavard en consultation, mais assure avoir le sentiment de toujours donner les informations pertinentes, que ce soit verbalement, au moyen de schémas ou en démontrant sur une maquette de squelette.
"Je ressens un sentiment d'injustice, déclare-t-il. 75% des patients ont été soulagés, et même si ce n'est que temporairement c'est déja pas mal" pour des patients qui souffrent de telles affections.
L'audience doit reprendre vendredi à 8h30 avec les réquisitions du procureur.