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Entrepierres: Philippe Tribaudeau, électrohypersensible toujours dans l'attente d'une zone blanche

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Depuis plusieurs années Philippe Tribaudeau, électrohypersensible, est installé dans un campement de fortune dans une forêt dans le secteur d'Entrepierres. Les autorités demandent son départ.

Trouver un autre lieu que son campement, Philippe Tribaudeau, électrohypersensible, ne demande que ça et même si ce n'est pas dans le département des Alpes-de-Haute-Provence. Pourtant, pour cet homme extrêmement sensible aux ondes la tâche n'est pas évidente.

"C'est comme si l'essentiel était de couvrir l'ensemble du territoire même si cela devait se faire au prix de la vie des électrohypersensibles, comme si nous n'étions que des dégâts collatéraux", explique t-il.

"Avancée spectaculaire" en septembre

Philippe vit dans une des dernières zones blanches de France et ne met pas en doute l'aide de l'État face à sa situation.

"En septembre on a eu une avancée spectaculaire, monsieur le préfet des Alpes-de-Haute-Provence nous a proposé deux zones blanches que je devais tester pour voir si c'était compatible avec mon électrohypersensibilité", explique-t-il.

"C'est une proposition qui a été faite dans le cadre d'un recours DALO (Droit au logement opposable) et les bailleurs sociaux n'ayant aucun logement en zone blanche à me proposer la seule solution était de me proposer des zones blanches en montagne où je pourrai vivre en caravane. Et ça c'est ni plus ni moins que la reconnaissance de la toxicité des ondes par l'État donc c'était extraordinaire et c'est très courageux de la part du préfet", se réjouit Philippe Tribaudeau.

Des zones "pas compatibles" avec sa sensibilité

Néanmoins ce fut une fausse joie pour Philippe qui en se rendant sur place a pu se rendre compte que ce n'était pas des zones blanches ou du moins pas entièrement.

"Les services de la préfecture avaient simplement superposé les calques des différents opérateurs téléphoniques et ont trouvé des endroits où aucun d'eux n'émet mais pour un électrohypersensible une zone blanche c'est une zone sans champs électromagnétiques, or dans ces deux zones il y avait des lignes électriques etc qui ont fait que ces zones ne sont pas compatibles".

Retour donc à la case départ pour Philippe ou plutôt retour au campement. Mais au mois de décembre il reçoit une lettre de la sous-préfecture de Forcalquier annonçant que l'antenne d'Entrepierres, contre laquelle il lutte depuis des années, serait mise en service à la mi-janvier. Pour Philippe cette action "est un passage en force". "Comment un préfet peut proposer des zones blanches et donc reconnaître la nécessité pour survivre d'être à l'écart des ondes et un mois après passer en force avec cette mesure?", se questionne-t-il.

L'électrohypersensible est donc aujourd'hui toujours au même point si ce n'est qu'à la fin du mois il doit passer devant le tribunal pour s'être opposé à la coupe des arbres et est menacé d'expulsion. Pour Philippe Tribaudeau le pire serait tout de même la mise en service de l'antenne qui aurait pour effet de ne plus avoir un seul endroit pour vivre sans souffrir des ondes.

Laurie Charrié