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"Comme si c'était hier": 10 ans après le crash de la Germanwings, l'incompréhension et la douleur des proches des victimes

Une plaque commémorative en l'honneur des victimes du crash de l'A320 de la Germanwings, survenu le 24 mars 2015.

Une plaque commémorative en l'honneur des victimes du crash de l'A320 de la Germanwings, survenu le 24 mars 2015. - BFM DICI

Des proches des victimes du crash de l'A320 de la Germanwings, survenu à la suite de l'acte suicidaire du pilote Andreas Lubitz, se sont rassemblées pour commémorer les dix ans du drame lundi 24 mars.

Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées dans la commune du Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) ce lundi 24 mars, en milieu de matinée, afin de commémorer le dixième anniversaire du crash de l'A320 de la compagnie Germanwings.

Cet avion de la compagnie low-cost allemande, filiale de la Lufthansa, avait été précipité délibérément sur le flanc d'une montagne proche par son copilote, Andreas Lubitz, 27 ans, sous antidépresseurs, qui avait profité de l'absence momentanée dans le cockpit du commandant de bord pour commettre son acte suicidaire, entraînant dans la mort les 149 autres passagers et membres d'équipage.

Un drame qui laisse, aujourd'hui encore, les proches des victimes dans un sentiment ambigu d'incompréhension, de tristesse et de douleur. Tout au long de la journée, les familles des victimes sont montées jusqu'au col de Mariaud, où une stèle est entreposée, pour se recueillir.

Assis seul sur un banc ce lundi, les pensées tournées vers le souvenir de sa sœur, Andréas avoue auprès de BFM DICI ses difficultés à surmonter la peine encore profonde qu'il subit chaque jour.

"Ça ne s'est pas beaucoup amélioré en dix ans, je me sens aussi mal qu'au premier jour. Je ne comprends toujours pas comment cela a pu se produire", lâche-t-il auprès de BFM DICI.

"Nous formons presque une famille désormais"

"Malgré 10 ans de passé, cela me semble comme si c'était hier. J'ai perdu ma fille dans cet accident, elle était professeure", raconte de son côté à l'AFP Engelbert Tegethoff, les larmes aux yeux, à l'issue d'une cérémonie de recueillement privée, marquée par des prises de paroles et d'intermèdes musicaux, organisée pour ces quelque 360 proches des victimes.

Sa fille, Stefanie, accompagnait avec un autre professeur 16 élèves du lycée Joseph-König de Haltern am See en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest de l'Allemagne) qui revenait d'un voyage scolaire en Espagne.

"Je viens chaque année, depuis que cela a lieu, toujours ici", assure Sabine Herzogenrath. Cette Allemande de 59 ans a perdu dans le crash son frère, sa belle-soeur et son neveu. Ce moment de recueillement s'est révélé "très important".

"Sans cela, je ne sais pas comment je pourrais gérer le deuil. Nous le partageons avec les autres gens, avec lesquels nous formons presque une famille désormais", explique encore cette ressortissante.

Un peu plus tôt dans la matinée, les officiels avaient, comme chaque année depuis 2015, déposé des fleurs au cimetière du Vernet. Un moment symbolique mais important, ce crash ayant "provoqué une émotion et un effroi dans le monde entier" d'après le préfet des Alpes-de-Haute-Provence Marc Chappuis.

Un geste imprévisible aux yeux de la justice

"Dix ans après, l'émotion est toujours vive et le temps n'a pas effacé la douleur", a notamment souligné le préfet lors de la cérémonie matinale. "Nos pensées accompagnent les proches et les amis des victimes, dont la douleur et le deuil restent immenses, même après une décennie", a pour sa part déclaré le PDG du groupe Lufthansa, Carsten Spohr.

L'avion reliait Barcelone (nord-est de l'Espagne) à Düsseldorf (ouest de l'Allemagne) avec six membres d'équipage et 144 passagers, originaires de 19 pays, en majorité des Allemands (72) et des Espagnols (50).

Suite à ce drame, l'industrie aéronautique avait imposé l'obligation d'avoir constamment deux personnes dans le cockpit simultanément. Une procédure finalement abandonnée car jugée peu efficace. En revanche, le suivi médical et psychologique des pilotes a été amélioré et des systèmes de prévention et de détection plus sophistiqués ont été imposés.

En mars 2022, la justice française avait clôturé l'enquête sur ce crash sans lancer de poursuite, considérant le geste "suicidaire" du copilote comme imprévisible.

Laurie Charrié, Alexis Lalemant, avec l'AFP