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Centrale photovoltaïque à Cruis: des peines avec sursis requises pour deux opposantes

Une cinquantaine de manifestants s'étaient rassemblés mercredi pour protester contre le projet de centrale photovoltaïque.

Une cinquantaine de manifestants s'étaient rassemblés mercredi pour protester contre le projet de centrale photovoltaïque. - Collectif Elzéard, Lure en Résistance

Les deux militantes ont été jugées en comparution immédiate pour avoir bloqué, durant plusieurs jours, le chantier d'installation de panneaux photovoltaïques à Cruis. Un projet porté par la multinationale canadienne "Boralex".

1.200 euros d'amende, dont 1000 avec sursis. C'est ce qu'a requis ce mardi 5 décembre, le ministère public à l'encontre de Sylvie Bitterlin et de Claudine Clovis.

À 60 et 72 ans, ces deux militantes, membres du collectif Elzeard-Lure en Résistance, ont dû répondre de leurs actes devant le tribunal correctionnel de Digne-les-Bains. Elles sont poursuivies pour avoir, au mois de septembre et octobre, bloqué physiquement le passage des engins de chantier à Cruis.

Un projet de centrale photovoltaïque

Sur une zone communale, un projet de centrale photovoltaïque de près de 17 hectares doit être implanté. Pour la municipalité, l'objectif est clair: développer une énergie renouvelable tout en assurant une économie. 0,7% de la forêt serait alors, selon l'édile, concerné.

Un projet pour certains donc, mais une aberration totale pour les opposants écologistes.

"La montagne n'est pas destinée à devenir un site de production d'électricité", explique Sylvie avant d'ajouter, "si on n'a pas d'autres solutions pour faire arrêter le chantier, on n'a pas d'autres moyens que de se mettre face aux machines".

Un avis partagé par Claudine qui confie à la barre "avoir été traumatisée par l'abattage et l'arrache d'arbres".

Une entreprise canadienne

Des militants qui durant ce procès n'ont cessé de mettre en avant la présence sur site d'espèces protégées. "Du 14 août jusqu'à l'arrêt des travaux le 13 septembre, l'habitat de plusieurs espèces a été détruit. (...) La traçabilité d'une espèce de papillon rare a été affectée. Un principe de précaution aurait dû arrêter les travaux", explique Pierrot Pantel, l'un des témoins appelés par les avocats de la défense et écologue. 

"Pensez-vous vraiment que la société Boralex va chercher les terrains ou les autorisations sont les plus difficiles à avoir? Est-ce censé selon vous?" rétorque alors l'un des avocats de la partie civile.

Pour ce dernier, toutes les autorisations et dérogations nécessaires ont été obtenues par la société canadienne. Une entreprise familiale qu'il dit impliquée dans la protection de l'environnement.

"C'est la commune de Cruis qui a proposé un espace de 75 hectares au départ, pas Boralex. Après une étude approfondie, les 75 hectares ont été transformés en près de 17 hectares" a-t-il plaidé. 

Décision attendue fin janvier

Si la partie civile a jugé le combat des deux militantes "juste et légitime", elle estime celui-ci comme étant "mal choisi au regard des considérations de Boralex". L'entreprise ne souhaite pas sanctionner les militantes de "manières démesurées" mais espère obtenir réparation. 

Mise en délibérée, la décision de ce procès symbolique est attendue le 25 janvier prochain à 14 heures. 

Barbara Tornambé