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"Ça peut décimer un troupeau": la fièvre catarrhale ovine inquiète les éleveurs des Alpes du Sud

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La fièvre catarrhale a fait son retour en France et se répand vite. Si aucun cas n'a été avéré dans les Alpes du Sud à ce jour, lundi 19 août, les éleveurs sont très inquiets pour leurs bêtes.

C'est un adversaire moins tangible, moins visible que le loup, mais bien plus dévastateur qui inquiète actuellement les éleveurs des Alpes du Sud. La fièvre catarrhale ovine (FCO), ou maladie de la langue bleue, est aux portes de nos départements, présente notamment en Isère et dans la Drôme.

L'infection virale provoque entre autres de la fièvre, des troubles respiratoires ou encore une cyanose de la langue chez les animaux touchés. Chez les ovins, la mortalité peut monter jusqu'à 100%, de quoi être pessimiste.

"Ce qui fait peur, c'est qu'il n'y a pas de traitement et ça peut décimer un troupeau, résume Marianna Briançon, éleveuse dans les Hautes-Alpes"."

Des réunions prévues

La maladie est présente sur le territoire français depuis 2006, et connaît actuellement une résurgence. Face à sa rapide propagation, les chambres d'agriculture vont se réunir mardi 20 août dans les Alpes-de-Haute-Provence et mercredi 21 août dans les Hautes-Alpes.

"On est en train de préparer un plan d'action, explique Eric Lions, le président de la chambre haut-alpine. Pour lui, la meilleure solution est la vaccination des troupeaux: "C'est une garantie pour les éleveurs."

Mais elle a un prix. "Ça coûte cher", concède Frédéric Esmiol, son homologue lpes-de-Haute-Provence.

À deux euros par brebis, beaucoup d'éleveurs n'y auront pas recours. D'autant que sa réussite est incertaine, selon Marianna Briançon. "La vaccination met 10 à 15 jours pour être efficace, or là le virus est très très proche, c'est déjà trop tard."

Des aides de l'état?

Les chambres d'agriculture espèrent voir des aides se mettre en place pour accompagner les éleveurs. "Auparavant, il y avait des aides de l'État lorsque la vaccination était obligatoire, raconte Lions. On est en train de voir comment on pourrait venir en aide aux éleveurs."

Avec une épidémie qui se répand, l'éleveuse craint une restriction de circulation des animaux, ce qui aurait des conséquences économiques majeures pour son exploitation. "Je suis en train de sevrer des agneaux. Si je ne peux pas les transporter je perds la moitié de mon revenu de l'année, détaille-t-elle".

Car si la maladie n'est pas transmissible à l'homme, ses conséquences sont tangibles: "Ce sont surtout des pertes économiques sur les exploitations concernées", abonde Eric Lions.

Alors face à l'avancée inexorable du virus, les éleveurs espèrent voir leur cheptel épargné. Avec un atout pour les Alpes du Sud: l'altitude, où le moucheron responsable de la transmission de la FCO s'épanouit mal. Les éleveurs tentent des recettes de grand-mère pour tenir l'insecte à l'écart de leurs bêtes.

Et s'en remettent à la chance, ou à peu près, comme le résume Marianna Briançon: "Les croyants prient, les autres serrent les fesses."

Ugo Marseille