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Alpes-de-Haute-Provence: les éleveurs bovins demandent des protections contre le loup

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Les éleveurs bovins demandent la mise en place de mesures pour protéger leurs bêtes du loup, au même titre que les éleveurs ovins.

Les éleveurs des Alpes-de-Haute-Provence lancent un cri d’alerte. Face à la prédation, ils sont aujourd’hui de plus en plus démunis. Les attaques de loups sur les bovins ne cessent d’augmenter dans le département alors que les bêtes sont considérées, pour l'heure, comme "non protégeables" par l’État.

Selon la Confédération paysanne des Alpes-de-Haute-Provence, il y a eu 622 attaques de loups en 2023, qui ont fait au total 1.964 victimes, ovins et bovins confondus. En 2024, 571 attaques ont causé la mort de 1.627 ovins et bovins, pour l'instant.

Alors, un échange entre les membres de l’Office français de la biodiversité (OFB), la direction départementale des Territoires (DDT) ou encore les lieutenants de louveterie a été organisé ce jeudi 31 octobre à Authon afin de réussir à trouver des solutions.

"J’ai perdu presque un an de travail"

Beaucoup d'éleveurs attendent des mesures avec impatience. Depuis 12 ans, Elia Pergolizzi élève des bovins, des vaches Aubrac à Authon, non loin de Sisteron. Pour faire face à la prédation, elle a dû, au fil des ans, adapter ses pratiques de vêlage, réaménager son exploitation et construire de nouveaux bâtiments.

Pourtant, ses efforts sont vains. Cet été encore, huit de ses bêtes ont été tuées dans une attaque. "Je me suis fait tuer des bêtes de renouvellement. C’est de la sélection génétique, ça prend beaucoup de temps", confie l'éleveuse à BFM DICI.

"Cela n’a rien à voir avec les brebis. Concrètement, ce que j’ai perdu, je ne pourrais jamais le récupérer. J’ai perdu presque un an de travail. Toutes mes bêtes de renouvellement pour l’année prochaine ont été tuées."

Un véritable coup dur, malgré les indemnités de l’État.

"Rendre les bovins protégeables"

Dans l’incapacité de protéger leurs troupeaux, les éleveurs demandent la mise en place de mesures. "Ce qui pourrait marcher, c’est la présence humaine", avance Yannick Becker, le porte-parole de la Confédération Paysanne 04 et Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Le changement de statut des bovins face au loup est aussi demandé par les professionnels. "Pour pouvoir basculer sur l’aide berger, qui est une procédure qui existe pour les ovins, il faudrait rendre les bovins protégeables. Là, on rentre dans des considérations un peu techniques."

"Cela pourrait se retourner contre les éleveurs puisqu’on ne peut être indemnisé que si on a mis en œuvre tous les moyens de protection", poursuit-il.

Totalement désemparés et se sentant oubliés, les éleveurs attendent une réponse des autorités compétentes pour les aider face au prédateur. Le préfet coordinateur du plan loup était également attendu sur place lors de l'échange organisé ce jeudi, mais sa visite a été annulée la veille au soir.

Barbara Tornambé