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Alpes-de-Haute-Provence: la récolte de pommes a commencé avec 15 jours d'avance

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La récolte des pommes a commencé avec 15 jours d'avance dans les Alpes-de-Haute-Provence, notamment à Manosque. Mais cette maturité précoce pose problème.

La sécheresse continue de faire parler d'elle. Si les agriculteurs des Alpes du Sud en souffrent, les arboriculteurs constatent également les conséquences sur leur production.

Ces derniers ont été relativement épargnés par le gel en comparaison à d'autres années, mais les restrictions d'eau combinées aux fortes chaleurs n'ont pas permis un développement normal des fruits. Ils sont alors sous-calibrés ou arrivés à maturation trop tôt.

"Une perte d'environ 20% de notre production"

C'est le cas des pommes dans les Alpes-de-Haute-Provence, qui tombent déjà de leurs arbres alors que la récolte habituelle se fait quinze jours plus tard.

À Manosque, cette maturité précoce entraîne des pertes conséquentes au pied des pommiers.

"La pomme est arrivée très tôt à maturité et elle s'est décrochée d'elle-même de l'arbre, donc on est sur une perte d'environ 20% de notre production. Les pommes tombent au sol, et sont soit éclatées, soit brûlées", déplore Caroline Saïd-Mogenet, de l'exploitation Le Claveau.

Un besoin de les récolter au plus vite

Certaines détérioriations ne sont visibles qu'une fois la pomme ramassée. Certaines comportent des fissures. "Là carrément, on est sur une pomme qui a pourri", explique Caroline Saïd-Mogenet au micro de BFM DICI.

Outre la production, cette sur-maturation présente un autre problème: celle de la récolte. Les pommes sont nombreuses dans cet état et il faudrait donc les ramasser rapidement.

"Quand on ramasse un fruit qui est en surmaturité, on se retrouve avec un fruit à la conservation qui va faire courir le risque de pourrissement et en fait quand le fruit pourrit dans le palox, ça fera un nid de pourriture et tous les fruits autour pourrissent également", s'inquiète Caroline Saïd-Mogenet.

Manque de main d'oeuvre

Mais pour pouvoir ramasser rapidement les pommes, encore faudrait-il avoir de la main d'oeuvre.

"Il faut qu'on soit hyper réactifs. Habituellement, on avait entre deux et trois passes de ramassage, maintenant on fait une seule passe. Le problème, c'est qu'il y a une pénurie de main d'oeuvre qui est réelle et significative", alors "qu'il y a plus de choses à ramasser au même moment", regrette Caroline Saïd-Mogenet.

Et si après ramassage, les pommes sont bien consommables, il faudra les vendre rapidement sous peine d'avoir des pertes lors de la consommation. Mais ce fruit nécessite "un cheminement qui fait qu'il y a un laps de temps qui va s'écouler entre le moment où on la ramasse et le moment où on la vend en vente direct".

De même, certaines pommes doivent être conservées "pour en avoir une grande partie de l'année", argue Caroline Saïd-Mogenet.

"C'est de très bons fruits mais sur le long terme, je pense qu'on mangera moins longtemps de la pomme en France sur la saison parce qu'il faudra la consommer plus rapidement", conclut-elle.

Les bonnes nouvelles, c'est que la qualité des pommes est quand même au rendez-vous et leur prix n'augmentera pas, du moins pour cette exploitation.

Laurie Charrie avec Shéhérazade Ben Essaid