BFM DICI
bfmdici

Alpes-de-Haute-Provence: les agriculteurs s'inquiètent des conséquences de la sécheresse

capture d'écran du reportage - "Réunion avec la FDSEA 04 et les JA 04 à Sisteron"

capture d'écran du reportage - "Réunion avec la FDSEA 04 et les JA 04 à Sisteron" - BFM DICI

Les syndicats de chaque département de la région Sud dont les Jeunes agriculteurs et la FDSEA des Alpes-de-Haute-Provence, alertent sur la situation qui ne va pas s'améliorer.

"Si sur le mois d’août les températures baissent et la pluviométrie revient, ça peut limiter les choses. Mais quoiqu’il arrive, la fin d’été sera difficile à cause de la sécheresse". Face au manque d'eau, la présidente des Jeunes agriculteurs 04, Margot Mégis, ne cache pas son pessimisme. Et elle n'est pas la seule.

Les éleveurs concernés

Comme partout en France, la sécheresse met à mal les agriculteurs bas-alpins. Avec des vagues de chaleurs précoces et un manque de pluviométrie depuis plusieurs mois, le département des Alpes-de-Haute-Provence est en déficit hydrique de 40%, le débit des cours d'eau continue de baisser et plusieurs communes recontrent même des difficultés en approvisionnement d'eau potable. 

Face à cette situation, la préfecture a pris de nombreuses restrictions d'eau. Les agriculteurs, conscients des enjeux, ont dû composer avec ces mesures en sélectionnant par exemple des productions moins gourmandes en eau ou en travaillant la nuit.

Cette situation compliquée s'applique aussi aux éleveurs qui risquent de redescendre des alpages plus tôt, à cause du manque d'eau. Mais également aux stocks de fourrage prévus normalement pour l'hiver qui devront être consommés. 

Un impact sur les prix 

Selon la présidente des Jeunes Agriculteurs 04, cette situation risque de mener à des tensions à l'automne avec des exploitations qui se retrouveront en difficulté financière à cause de la baisse de rendement dû à la sécheresse, mais aussi les prix de l’énergie qui explosent.

Forcément, le contexte aura des répercussions sur les prix des produits et donc sur le pouvoir d’achat.

"On ne pourra plus produire des cultures historiques si on n'a pas les moyens de les irriguer", renchérit Laurent Depieds, président de la FDSEA 04, précisant également que les Alpes-de-Haute-Provence sont un département aux cultures très hétérogènes. Certaines d'entre elles font d'ailleurs marcher l'économie touristique, comme par exemple les champs de lavande du plateau de Valensole. 

 Quelles solutions ? 

Pour Laurent Depieds, "à court terme il n'y a pas vraiment (de solutions). À moyen terme, en revanche, il y a les dispositifs du Varenne agricole de l’eau au niveau national, donc il faut que le ministère de l‘Agriculture nous donne les outils pour mettre en place ce qui a été proposé".

Il précise qu'il s'agit du financement de la recherche pour trouver des nouvelles cultures plus résistantes au changement climatique mais surtout pour permettre la création de nouvelles retenues d’eau.

"Il faut avancer rapidement. Ce sont des process qui sont extrêmement longs, et si les sécheresses s’accentuent et s’accélèrent, il y a un besoin d'avoir des calendriers plus courts dans la construction d’outils de stockage de l’eau."

En attendant, les agriculteurs n'ont pas d'autres choix que de continuer à arroser leurs cultures, pratique pointée du doigt, surtout sur les réseaux sociaux.

"C'est une vraie contrainte d'arroser (...) c'est coûteux, c'est pénible et si on le fait c'est qu'on n'a pas le choix, explique le président de la FDSEA 04. La prise de conscience des gens s'arrête quand leur intérêt n'est pas concerné. Il y a des gens qui vont vous faire la morale mais qui vont arroser leur pelouse entre 3 et 4 heures du matin pour pas que ce soit vu. Le vrai sujet, c'est d'arrêter de regarder le voisin (...) et surtout se faire confiance". 

En France, depuis l'an 2000, on compte 700.000 exploitations agricoles en moins. Et avec la difficulté du métier, cela risque d'être encore plus compliqué de motiver des jeunes à s'installer. 

Laurie Charrié