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Alpes-de-Haute-Provence: déficitaire, que va devenir la station du Seignus d'Allos?

La station Seignus du Val d'Allos (Alpes-de-Haute-Provence), en décembre 2023. (Illustration)

La station Seignus du Val d'Allos (Alpes-de-Haute-Provence), en décembre 2023. (Illustration) - BFM DICI

Avec 688.000 euros de déficit structurel, même si la station remonte peu à peu la pente avec une augmentation de ses "journées ski", le chiffre d'affaires est toujours insuffisant comparé aux charges. Cette saison, un syndicat mixte a été créé avec une régie spécifique au Seignus d'Allos (Alpes-de-Haute-Provence). Le département soutient la mairie jusqu'en 2028, date de la fin du mandat de la présidente Eliane Barreille.

Que va devenir la station du Seignus (Alpes-de-Haute-Provence)? Avec 688.000 euros de déficit structurel cette saison, la question de la situation financière de la station se pose. Aujourd'hui, la mairie d'Allos et le département donnent chacun 1,1 million d'euros pour faire vivre cette station historique dans le département, créée en 1936, qui fêtera ses 90 ans l'année prochaine.

Cette saison, un syndicat mixte a été créé avec une régie spécifique au Seignus d'Allos (Alpes-de-Haute-Provence). Le département soutient la mairie jusqu'en 2028, date de la fin du mandat de la présidente Eliane Barreille.

Au début du mois d'avril, une réunion publique a eu lieu à Allos pour informer les habitants. Cette saison, 60.000 "journées ski" ont été vendues, c'est plus que l'année passée, mais bien moins qu'il y a 20 ans: 50% de moins depuis 2005.

Une contestation locale de la gestion de la commune

Il faut dire que la station survit notamment grâce au financement de la mairie et du département. "1,1 million d'euros, c'est toute la capacité d'autofinancement de la commune. C'est-à-dire que l'argent que l'on va consacrer au Seignus nous empêche d'avoir de quelconques investissements sur la Foux d'Allos ou sur le village. Cela veut dire qu'aujourd'hui, le Seignus capte 100% de nos moyens financiers", souligne Michel Lantelme le maire d'Allos.

"Ça peut se faire sur un an mais il faut qu'on se pose des questions pour l'avenir", poursuit l'élu.

L'association Seignus renaissance qui compte près de 2.800 membres, pointe du doigt des problèmes de gestion de la commune et un déficit surévalué. C'est ce qu'affirme son président, Franck Jouve. "L'année dernière, il y a eu une erreur de gestion réalisée par les décideurs qui n'ont pas réévalué le forfait journalier qu'ils ont laissé en tarif réduit. Nous avons perdu 100.000 euros avec cette erreur", martèle le représentant de Seignus Renaissance.

Avant de poursuivre sur la question de l'énergie. "On sait que c'est le nerf de la guerre, nous payons une facture d'énergie beaucoup trop chère au Seignus. 350 euros le mégawattheure, contre 250 euros à la station de Pra Loup, évidemment ça va alourdir la facture. On aimerait que la gestion soit faite de manière optimale par les décideurs. Nous pensons que les élus de la municipalité ne sont pas à la hauteur de l'enjeu. On ne peut pas parler d'avenir sombre du Seignus quand c'est la mairie qui éteint elle-même la lumière. La fermeture serait une catastrophe économique, pour la commune, pour le village et toute la vallée du Haut-Verdon", explique Franck Jouve.

Le maire dénonce un "Seignus bashing"

De son côté, le maire de la commune se dit toujours ouvert à la discussion. "On travaille tous avec le même objectif", assure l'élu qui dénonce un "Seignus Bashing" sur les réseaux sociaux et rappelle qu'un million d'euros est "mis sur la table".

"Les actions entre 2022 et 2023 comme la pose de banderoles sur Nice ou sur les routes au ski, dénonçant la gestion du Seignus ainsi que la campagne sur les réseaux sociaux ont permis [au bashing] de prendre de l'ampleur. Le matraquage a été lourd de conséquences et se traduit encore avec des questionnements et l'office de tourisme a encore du mal à convaincre par téléphone que nous sommes ouverts", explique Michel Lantelme.

La seule crainte de l'édile concerne l'avenir. "Le jour où le département sort [de l'aide financière], on n'aura pas d'issue. Augmenter la fiscalité, augmenter le prix des remontées mécaniques? Ce n'est pas possible. Et on n'a pas calculé l'impact d'une année sans neige", souffle-t-il.

Fanny Pechiney