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Une diminution de la vitesse permet-elle de faire baisser la pollution?

Circulation sur le périphérique parisien (illustration)

Circulation sur le périphérique parisien (illustration) - BFM Paris

Un rapport d'élus parisiens remis ce mardi à Anne Hidalgo sur le périphérique propose notamment de réduire la vitesse à 50 km/h. Cette diminution de la vitesse peut-elle faire baisser la pollution?

L'avenir du périphérique parisien est au coeur d'un rapport remis à Anne Hidalgo ce mardi. Réalisé par des élus parisiens réunis au sein d'une Mission d'information et d'évaluation (MIE), ce rapport propose plusieurs mesures: réduire le nombre de voies à deux fois trois voies, réserver une voie de circulation au covoiturage et véhicules propres mais aussi diminuer la vitesse de circulation.

Déjà abaissée de 90 km/h à 70 km/h, la vitesse pourrait passer à 50 km/h. Objectif de cette mesure: lutter contre la pollution. Un argument qui ne convainc pas la chef de file des Républicains et indépendants au Conseil de Paris, Florence Berthout.

"Je serais totalement favorable à la limitation de vitesse s'il était prouvé qu'elle réduit la pollution. Or, la seule étude dont dispose la ville de Paris, c'est l'étude de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, ndlr) qui montre exactement le contraire", affirme sur BFM Paris la maire du 5e arrondissement. 

Qu'en est-il exactement? Cette étude de l'Ademe est en réalité un peu plus contrastée et distingue plusieurs situations. 

>Sur les voies rapides

Sur les voies rapides de type autoroute, l'abaissement de la vitesse un effet "plutôt positif sur les émissions de particules et d'oxydes d'azote". Dans son étude, l'Ademe prend notamment pour exemple le passage de 80 à 70 km/h.

"Le passage de 80 à 70 km/h d'une voie congestionnée va dans le bon sens pour la qualité de l'air, car il favorise la fluidité du trafic", indique l'organisme. Contrairement aux idées reçues, la diminution de la vitesse contribue à fluidifier le trafic et donc à diminuer les bouchons et l'effet "accordéon".

"On limite les décélérations en cas de ralentissement et quand on limite les décélérations on limite les risques d'arrêt, on limite le freinage... tout ceci contribue à baisser le taux de pollution", résume Éric Azières, rapporteur de la mission sur le périphérique.

"La baisse des émissions peut atteindre 20% pour les oxydes d'azote et les PM10 et celle des concentrations de polluants dans l'air ambiant pouvant atteindre 8% selon les polluants", note quant à elle l'Ademe. 

>Sur les voies urbaines

Sur les voies les moins rapides, l'effet de la diminution de la vitesse est en revanche plus discuté. "En dessous de 70 km/h, cet effet est plutôt négatif", indique même l'Ademe qui s'est penchée sur le résultat de plusieurs études étudiant le passage de 50km/h à 30 km/h.

D'après cette analyse, aucune tendance ne se dégage nettement, certaines études notant des baisses d'émissions et d'autres des hausses. L'Ademe nuance toutefois. Dans le cas d'un passage de 50 km/h à 30 km/h, le rapport estime qu'à terme la diminution de la vitesse peut "permettre de favoriser les modes de transport les moins polluants". L'Ademe met toutefois en garde contre d'éventuels effets liés au report du trafic sur les autres axes à proximité. 

La diminution de la vitesse ainsi que toutes les propositions relatives à l'avenir du périphérique seront débattues lors du prochain Conseil de Paris, le 11 juin. 

Carole Blanchard