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Prix du carburant: ces Français qui ont changé leur manière de se déplacer

La piste d'essaie de voitures électriques sur la Place de la Concorde pendant le Mondial de l'Automobile début octobre à Paris.

La piste d'essaie de voitures électriques sur la Place de la Concorde pendant le Mondial de l'Automobile début octobre à Paris. - ERIC PIERMONT / AFP

Dans une semaine, un mouvement de protestation est lancé contre la hausse des carburants. Des chiffres montrent que les Français changent également de manière de se déplacer.

Abandonner sa voiture pour un autre moyen de transport, changer de type de motorisation, partager son véhicule, des Français changent leur mode de déplacement. Que ce soit pour des questions financières, avec la hausse des prix du carburant notamment, ou de temps de transport, par exemple en Ile-de-France, la voiture n’est plus la seule solution pour certains.

Elle reste cependant toujours le moyen de transport numéro 1 au quotidien. Selon une étude Euro Car Parts, 8 Français sur 10 vont travailler chaque jour en voiture.

Vers la voiture électrique

"Trois grandes tendances se dessinent, et en premier lieu l’électromobilité. L’augmentation des prix du carburant encouragera encore ce changement, explique Marc Charlet, président de l’incubateur Moveo. En zone rurale, c’est la solution, car vous pouvez difficilement vous passer de votre voiture. Il ne faut pas se tromper, ce n’est pas dans six mois ou dans un an que seront développées des solutions de mobilité différentes".

Le marché de l’électrique continue de se développer, avec une hausse de plus de 60% des immatriculations de voitures neuves en octobre en France, selon des chiffres de l’Avere (Association Nationale pour le Développement de la Mobilité électrique).

"Les immatriculations de véhicules particuliers électriques continuent de progresser, et atteignent un niveau inhabituel pour un mois d’octobre: 2.861 nouvelles voitures, soit une hausse de 63,67%, souligne l’association. Depuis le début de l’année, 23.084 voitures particulières ont été immatriculées".

Certes, les volumes restent minces, face au 1,836 million de voitures vendues depuis le début de l’année en France. Mais ces chiffres montrent un intérêt, notamment en occasion. Il s’est ainsi vendu 65% de voitures électriques d’occasion en plus par rapport à l’an dernier, selon le dernier baromètre du site spécialisé AutoScout24.

A la recherche d’une essence

Sur ce marché, qui représente 4,7 millions de voitures vendues depuis janvier selon des chiffres du Comité des Constructeurs Français d'Automobile (CCFA), le véritable changement se trouve plutôt du côté des voitures essence. Le marché de l’occasion, comme le parc, se compose en grande majorité de diesel. Or, les diesels de plus de 10 ans voient leurs ventes baisser de 3 à 6% selon leur âge. En cause, la hausse des prix à la pompe, mais aussi les interdictions de circuler en ville.

Les Français recherchent donc de plus en plus de modèles essence de moins de 5 ans. Les occasion de moins d’un an voient leurs parts de marché augmenter de +12,5%. Voitures moins gourmandes ou limitations des déplacements, depuis un an, la consommation de carburant a surtout baissé de 1,7% au total, selon des chiffres de l’Union Française des Industries Pétrolières (UFIP). Le gazole a vu ses volumes consommés baisser de 2,9%, le SP 95 a reculé de 2,9%, alors que le SP95-E10 (avec un peu de biocarburant) a grimpé de 13,9%.

Le partage de véhicules, en free-floating ou en covoiturage, est une autre tendance qui se développe.
Le partage de véhicules, en free-floating ou en covoiturage, est une autre tendance qui se développe. © ERIC PIERMONT / AFP

Partager sa voiture, utiliser les véhicules en auto-partage

Ceux qui continuent de rouler ont pu partager leur voiture, l’une des autres grandes tendances de la mobilité.

"Nous sommes autour de plus de 200.000 utilisateurs en France depuis la rentrée 2018, explique un porte-parole de la start-up Karos, spécialiste du covoiturage domicile/travail via une application mobile. Au début de l'année, nous étions aux alentours de 100.000 utilisateurs. Nous avons profité de la pression connue cette année par les utilisateurs des transports en commun et les conducteurs: grèves SNCF et augmentation du prix de l'essence".

Cette solution reste cependant pour l’instant plutôt utilisée dans les grandes agglomérations. "Il faut désormais que le partage (auto, scooter etc) au quotidien sorte des villes, soit accessible dans les zones périurbaines, comme le propose par exemple la start-up Clem", souligne Marc Charlet.

Les engins de déplacement personnel

Autre tendance de la mobilité, surtout dans les grandes villes, le Smart Mobility Lab a noté une hausse de 232% des achats d’engins de déplacement personnel (EDP), dont 101.000 trottinettes électriques. Prix minimum: 668 euros. "L'optimisation des déplacements et le report modal [sont les principales causes de son utilisation, ndlr] pour éviter d’utiliser des transports en commun souvent saturés et en retard, obtenir une solution de mobilité alternative écologique", notait le laboratoire dans sa dernière étude en octobre. En substitution à la voiture ou à certains transports en commun, la trotinette est par exemple utilisée sur des trajets de 30 kilomètres. Soit la moyenne des déplacements quotidiens en France. 

Pauline Ducamp