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Strasbourg: pourquoi la commission d'enquête a rendu un avis défavorable sur le projet de tram Nord

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La maire écologiste de Strasbourg s'est dite "surprise" par la "tonalité" du rapport, dont certains passages "doutent de l'urgence climatique".

Tracé, budget, report du trafic... Une semaine après l'avis défavorable rendu par la commission d'enquête sur le projet de tram Nord à Strasbourg, BFM Alsace a pu consulter ce lundi 16 décembre son rapport.

Le projet a été retoqué pour plusieurs raisons, à commencer par son tracé. La commission d'enquête considère "qu'en termes de dessertes, ce tracé offre très peu d'avantages (...) les principaux centres d'intérêt de Schiltigheim sont (...) délaissés." Aussi, la gare SNCF de Strasbourg ne sera pas suffisamment connectée et son accès sera alors "au mieux difficile, voire souvent impossible".

Le rapport pointe aussi le report du trafic que le projet pourrait engendrer, notamment à Schiltigheim et dans le secteur de l'avenue des Vosges à Strasbourg, ainsi que les problématiques de stationnement. La facture estimée du projet, affichée à 268 millions d'euros, pourrait aussi être sous-estimée.

"C'est une révolution dans leur mode de vie qui leur est imposée. La responsabilité politique des décideurs est lourde", conclue la commission.

La maire "surprise" par la "tonalité" du rapport

Interrogée par BFM Alsace, la maire écologiste de la ville se dit "surprise" par la "tonalité" du rapport. Jeanne Barseghian pointe notamment "des passages qui doutent de l'urgence climatique, qui doutent aussi d'une expertise de plus de 30 ans à Strasbourg en matière de tramway et plus globalement de transports en commun et de plan de circulation".

Même son de cloche du côté de Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, qui parle d'un "choix incompréhensible" de l'opposition strasbourgeoise de se mobiliser contre le projet d'extension du tram.

"À l'heure de l'urgence climatique, réduire la place de la voiture dans les grandes villes devrait être une évidence pour tous", ajoute-t-elle sur X.

"C'est le rôle de la commission d'alerter"

Pour Pierre Jakubowicz, élu d'opposition Horizons au conseil municipal de Strasbourg, "non", le rapport n'est pas partisan.

"Ce qui fait qu'on réduit la place de la voiture, c'est quand on construit du transport en commun performant, ce n'était pas le cas de ce projet. C'est le rôle de la commission d'enquête d'alerter, de dire 'attention on risque de produire l'inverse de ce qu'on prétend'", explique-t-il sur le plateau de BFM Alsace.

Le conseiller d'opposition estime que ce rapport est un "réquisitoire sans appel" démontrant "qu'on s'apprêtait à dégrader le fonctionnement du réseau de transports en commun". Les conclusions du rapport "valident toutes les alertes et critiques qu'avec mes collègues de l'opposition de la ville et d'Eurométropole avions formulé depuis trois ans", rappelle-t-il.

Strasbourg a fait partie des villes pionnières en remettant en service des lignes de tramway en 1994. Le réseau strasbourgeois compte désormais six lignes de tram et transporte, avec également une quarantaine de lignes de bus, près de 500.000 passagers par jour.

Le projet d'extension de la municipalité devait voir le jour en 2027. Si le rapport de la commission d'enquête n'est pas contraignant juridiquement, il peut influer sur la déclaration d'utilité publique par la préfecture, nécessaire au démarrage du chantier.

Matthieu Chanvillard, avec Emilie Roussey