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Scarifications, mobilier saccagé... Le tournage d'un clip de rap par des collégiens à Strasbourg fait polémique

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INFO BFM Alsace - Des élèves du collège Sophie Germain ont tourné, lors des vacances scolaires, un clip de rap mettant en avant la violence et des paroles en faveur du trafic de drogue.

Des doigts d'honneur, des scarifications, du mobilier saccagé. Un clip de rap, tourné par des élèves du collège Sophie Germain à Strasbourg et consulté par BFM Alsace, suscite une vive polémique au sein de l'établissement.

La violence et la drogue

La vidéo a été tournée lors des dernières vacances scolaires à l'occasion du dispositif des "vacances apprenantes". Plusieurs élèves de 5e, scolarisés au sein de l'établissement, ont été identifiés dans ce clip. Selon nos informations, au moins un surveillant du collège a également participé à la réalisation de la vidéo.

"Je suis choquée par cette vidéo, je n'ai même pas les mots pour décrire la chose", s'offusque un parent d'élève du collège, interrogé par BFM Alsace.

Elle demande à ce que le rectorat se saisisse du dossier comme le délégué syndical CGT Éduc'action au sein du collège qui va adresser une lettre au recteur. "Ce n'est pas acceptable de mettre en avant la violence, la drogue au sein de l'Éducation nationale", s'indigne Fabrice Copyloff.

"Nous avons eu connaissance de cette vidéo par différents collègues. Nous sommes indignés et choqués par la mise en danger des élèves et la teneur des propos de cette chanson", ajoute-t-il.

Parmi les paroles entendues dans ce clip: "Le livreur a livré. Le shit est arrivé, ils peuvent le découper (...) J’me change, [j’esquive] la BAC (...) Je dois rentrer dans la légende, salope [sic]."

Les collégiens se mettent en scène en escaladant le portail du collège, se jettent des fauteuils à la figure et un élève debout sur le but de la cour manque de chuter. "Je ne vais pas dire que c'est super de leur apprendre à faire ça. Je peux juste me réjouir qu'il n'y ait pas de blessés", admet Dominique Darquié, la principale du collège.

Une initiative d'un surveillant

Interrogée par BFM Alsace, elle tient à modérer la situation rappelant que "ce clip n'avait pas vocation à être diffusé". Elle pointe notamment l'"initiative d’un surveillant" qui est "musicien amateur".

"Ce n’est pas sa formation de base d’apporter un contenu pédagogique. On doit l'accompagner pour améliorer les futurs ateliers", poursuit Dominique Darquié.

D'autres ateliers rap sont envisagés au sein de l'établissement pour "amener les élèves vers une autre réflexion sur le texte". "Quand on met un micro devant la bouche de ce type de gamins, ce sont les premières choses qui ressortent, justifie-t-elle. Mais si c'est la perception que ces enfants ont d'eux-mêmes, c'est à nous de leur montrer qu'ils peuvent être autre chose."

Climat de violence

Le syndicat CGT Éduc'action au collège regrette que ce clip aille "à l'encontre de tout ce contre quoi on lutte" alors que l'établissement a été marqué par des violences en novembre dernier.

Pour Fabrice Copyloff, "il peut arriver qu’on se sente en insécurité en sortant de l’établissement, mais ici, ce qui est grave, c’est qu’on se sent en insécurité à l’intérieur-même de l’établissement".

Des professeurs du collège avaient fait valoir leur droit de retrait après l'intrusion d'un jeune qui a jeté des explosifs au sein de l'établissement. D'après la CGT, les problèmes auditifs d'un autre professeur se seraient aggravés suite à des jets de pétards dans l'établissement.

Emmanuel Daeschler avec Amaury Tremblay