"Pas sur le terrain de la polémique": la préfète du Bas-Rhin revient sur ses relations avec la maire de Strasbourg

La préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier en décembre 2022 - FREDERICK FLORIN / AFP
"Je ne suis pas sur le terrain de la polémique". Interrogée sur ses relations avec la municipalité de Strasbourg, la préfète du Bas-Rhin temporise. Dans un entretien accordé aux DNA (Dernières Nouvelles d'Alsace) ce mardi, Josiane Chevalier a évoqué ses récents échanges avec la maire écologiste de Strasbourg.
"Je ne veux pas personnaliser les débats"
Alors que les deux femmes ont eu l'occasion d'interagir, voire de s'opposer ces derniers mois sur plusieurs dossiers, la représentante de l'État assure ne pas avoir d'antagonisme particulier avec Jeanne Barseghian.
"Je ne veux pas personnaliser les choses. Je travaille avec tous les maires, y compris avec la maire de Strasbourg. Je ne veux pas personnaliser les débats", balaie Josiane Chevalier.
La préfète est toutefois revenue sur plusieurs dossiers sur lesquels elle a pu être en conflit avec la mairie strasbourgeoise. La question de l'hébergement d'urgence et du sort des migrants du camp de la place de l'Etoile, finalement évacué en décembre dernier, avait particulièrement suscité des tensions entre la mairie et la préfecture.
Pas de nouvelle d'un recours contre l'Etat
Au mois d'août, la maire de Strasbourg avait pointé du doigt la responsabilité de l'Etat dans la situation des migrants, appelant à une mise à l'abri "digne". De son côté, la préfecture avait jugé "inopportune" la mise en cause de l'État, regrettant que ce sujet soit abordé "sur le ton de la polémique publique". Ce mardi, Josiane Chevalier a une nouvelle fois défendu le travail de l'Etat sur la question de l'hébergement d'urgence.
"Nous avons appliqué la circulaire Klein demandant d’héberger les personnes en situations irrégulières dès lors qu’ils étaient accompagnés d’enfants. 274 familles ont ainsi été mises à l’abri, avec 111 mineurs. Il n’y a donc pas eu de suppressions de places, mais au contraire une augmentation des places", souligne dans les colonnes des DNA, Josiane Chevalier.
En décembre dernier, la veille de l'évacuation du campement de la place de l'Etoile, la maire écologiste avait annoncé sa décision d'attaquer l'Etat en justice, pour sa "défaillance" à mettre à l'abri les personnes à la rue. Un peu plus d'un mois plus tard, Josiane Chevalier dit n'avoir "aucune nouvelle" d'un éventuel recours.
"Il faut être sérieux! L’État est dans l’action, en dehors de ses compétences à travers la contractualisation en matière de pauvreté et d’enfance (7 millions d’euros avec la Communauté européenne d'Alsace et 500 000 euros avec l’Eurométropole) et dans le cadre de la politique de la ville (5 millions d’euros)", martèle la préfète.
"Une phase de dialogue" sur le financement des cultes
Autre dossier, source de passe d'armes entre l'État et la municipalité strasbourgeoise, la question des financements des cultes. Début décembre, Josiane Chevalier avait appelé le conseil municipal à revoir sa copie en matière de financement des cultes et à annuler une délibération fixant de nouvelles règles sur le financement des lieux de culte, adoptée au mois de septembre. La préfète du Bas-Rhin avait donné à la municipalité deux mois pour modifier son texte, faute de quoi elle saisirait le tribunal administratif.
Josiane Chevalier est revenue ce mardi, sur le contrôle de légalité exercé par la préfecture à Strasbourg sur cette question. Pour la préfète, il s'agit d'un "dialogue normal entre un maire et le préfet avec une procédure contradictoire".
"Nous sommes dans cette phase de dialogue et j’ai proposé aussi à la maire qu’on consulte, quand c’est possible juridiquement, le tribunal administratif, qui peut aussi avoir ce rôle de conseil. Il nous a semblé intéressant que pour un sujet comme celui-ci, on puisse avoir cet avis extérieur. J’attends le retour de la mairie", détaille-t-elle.
La préfète affirme par ailleurs, ne pas vouloir remettre en cause le Concordat, toujours en vigueur en Alsace et en Moselle. "Ce n’est pas du tout cela. C’est sécuriser juridiquement une délibération. C’est dans le cadre d’un dialogue normal entre un préfet et un maire. Nous nous situons dans cette phase avec Madame la maire", rappelle la préfète.
Interrogée sur une éventuelle stratégie du gouvernement visant à mettre sous pression les mairies écologistes, Josiane Chevalier affirme n'avoir aucune instruction de l'Etat en ce sens, et assure prendre elle-même "ses responsabilités".
"Je travaille avec tous les élus, je le redis, je ne suis pas sur un terrain politique, je suis sur le terrain du droit et sur la neutralité de l'Etat", conclut-elle.