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Eau du robinet contaminée aux PFAS: une plainte collective va être déposée dans le Haut-Rhin

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Une plainte collective va être déposée ce lundi à l'encontre de Saint-Louis Agglomération pour dépassement du taux de PFAS dans l'eau du robinet, connu depuis 2023 et dont la population n'a été informée qu'en 2024.

Une plainte contre X va être déposée lundi 4 août auprès du procureur de Mulhouse par un collectif de 400 personnes qui dénonce la contamination par des polluants éternels de l'eau du robinet de l'agglomération de Saint-Louis (Haut-Rhin), a annoncé ce jeudi 31 août son avocat.

"Pendant deux ans, aussi bien Saint-Louis Agglomération que son opérateur privé (Veolia) ont fourni de l'eau contaminée à des taux particulièrement élevés qui sont considérés comme les plus importants en France" a indiqué André Chamy, avocat du collectif de riverains.

"Ce polluant était connu des opérateurs. C'est un empoisonnement", dénonce-t-il auprès de BFMTV.

Dans cette agglomération de 80.000 habitants, 60.000 personnes de 11 communes différentes sont touchées par ces problèmes d'approvisionnement.

"Jusqu'à 0,459 microgramme par litre"

Dans sa plainte, le collectif dénonce la présence de polluants éternels (PFAS) qui dépasse largement le taux autorisé de 0,1 microgramme par litre.

"Au moins depuis le mois d'avril 2023, des analyses publiques ont révélé la non-conformité de l'eau, notamment à Blotzheim, Saint-Louis, Hésingue, Bartenheim, etc, avec des taux jusqu'à 0,459 microgramme par litre", est-il écrit dans la plainte qu'a pu consulter l'AFP.

"Cette eau est insalubre puisqu'elle dépase de trois à quatre fois le taux autorisé", assure André Chamy sur BFMTV.

Cette plainte est fondée sur les chefs de "mise en danger délibérée de la vie d'autrui", "distribution d'un produit nuisible à la santé", "infractions environnementales" et "infraction à la réglementation sanitaire".

Le 25 avril dernier, la préfecture du Haut-Rhin avait annoncé l'interdiction de la consommation d'eau du robinet pour les personnes sensibles dans 11 communes situées à proximité de l'aéroport franco-suisse de Bâle-Mulhouse.

La présence de PFAS dans l'eau potable a été détectée fin 2023, selon la préfecture, et la population avait été informée, par courrier, dès janvier 2024, "sans qu'aucune restriction ne soit décidée à ce stade, dans l'attente d'avis d'expertises scientifiques nationales".

"On la buvait depuis un moment"

Depuis, les habitants ont pris l'habitude de consommer de l'eau en bouteille. Si les restrictions en vigueur ne concernent que les personnes fragiles, les autres habitants ont pour la plupart choisi d'arrêter de consommer l'eau courante.

"On a appris ça par ma mère, qui lit le journal. Nous, on n'était même pas au courant, on la buvait depuis un moment, on n'a eu aucun message", explique sur BFMTV Frédéric Bauer, habitant de Huningue.

Hors de question pour lui de continuer à boire l'eau du robinet. Un geste qui a un coût: "c'est à peu près huit à dix packs d'eau par mois".

Selon la préfecture, cette pollution persistante "est liée à l'usage passé sur la plateforme aéroportuaire de mousses anti-incendie contenant des PFAS".

Argument que réfute Me Chamy: "Ces mousses ne sont plus utilisées depuis neuf ans sur l'aéroport de Bâle-Mulhouse et je ne vois pas pourquoi ces problèmes de contamination ne sont pas aussi présents à Orly ou Roissy".

Le collectif réclame aussi le remboursement des factures de fourniture d'eau.

JMA et Coralie Haenel avec AFP