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10 ans de l'attentat de Charlie Hebdo: des lycéens du Grand Est participent à la conception d'un numéro spécial

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Les élèves et les journalistes de la rédaction travaillaient ce mardi 3 décembre sur le bouclage de cette édition forte sur le plan symbolique. L'objectif: sensibiliser les adolescents sur les questions de laïcité et de liberté d'expression.

Ils n'avaient que 6 ou 7 ans le 7 janvier 2015. De l'attaque terroriste meurtrière menée dans les locaux de Charlie Hebdo, ces lycéens du Grand Est en ont entendu parler. Mais ils n'en savent finalement que peu de choses.

À l'approche du 10e anniversaire de la tuerie, qui a fait 12 morts et 11 blessés, les élèves s'affairent. Ce mardi 3 décembre, dans les locaux strasbourgeois de la région, ils sont en bouclage aux côtés de journalistes du titre satirique, dont le directeur de la rédaction, Riss. L'aboutissement d'un projet entamé trois mois plus tôt.

Ces lycéens, issus de 14 établissements du Grand Est, et les journalistes participent à l'élaboration d'un numéro spécial commémorant l'attentat et ses victimes. L'idée: sensibiliser les adolescents à la laïcité et à la liberté d'expression.

"Il n'est pas facile de tout dire"

Ce mardi, une douzaine de lycéens s'attellent aux caricatures. "J'ai dessiné un terroriste qui se fait transpercer par un énorme crayon et qui, du coup, dit: 'Ouille, ça pique'", raconte Thibaut, 15 ans.

Madeleine, élève en première générale, a pour sa part "dessiné des petits bonhommes qui prennent les bougies du gâteau d'anniversaire de Charlie Hebdo pour les dix ans et qui sont en train de cramer un terroriste".

Dans une autre salle, les élèves peaufinent leurs interviews sous la direction d'Enzo, 17 ans, en terminale. Les thématiques: le réchauffement climatique, l'égalité femmes-hommes, la montée de l'extrême droite, etc.

"Non, il n'est pas facile de tout dire", observe le lycéen au micro de BFM Alsace. "Beaucoup de profs ont d'ailleurs du mal et on sait que c'est toujours des sujets un peu sensibles. Mais je pense que des projets comme rédiger un journal de Charlie Hebdo, ça permet peut-être de commencer à enlever un petit peu les tabous."

Le journal imprimé le 16 décembre

Riss, directeur de la rédaction et rescapé de l'attentat, semble avoir trouvé l'exercice louable. "J'ai été rassuré de voir qu'ils avaient envie, d'abord de s'intéresser à des choses, qu'ils posaient beaucoup de questions et qu'ils avaient envie d'apprendre à s'exprimer. [...] À l'heure des réseaux sociaux, on voit que c'est une expression un peu anarchique", fait remarquer le journaliste.

"Quand on a cet âge-là, on ne sait pas très bien ce qu'on est capables de faire. On a envie de faire plein de choses, on a envie de dire beaucoup de choses, mais on ne sait pas comment l'exprimer. [...] Le fait d'aller vers eux, c'est une manière de leur dire: vous avez le droit de le faire. Il faut oser. Il faut oser dessiner, il faut oser dire ce que vous pensez. Il ne faut pas avoir peur."

L'édition spécialiste construite par les lycéens et les journalistes sera imprimée le 16 décembre. Le 6 janvier, la publication sera présentée aux élèves dans les lycées et des expositions consacrées au journal seront planifiées. Le lendemain sera dédié à la diffusion du journal et aux commémorations des dix ans de l'attentat.

Isabelle Hautefeuille avec Florian Bouhot