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Le Pradet: un homme lègue sa fortune de 9 millions d'euros à la commune à sa mort, son fils lance une action en justice

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Selon le fils du nonagénaire décédé, son père aurait été victime d'un abus de faiblesse l'amenant à modifier son testament. Il a intenté une action en justice. Le maire du Pradet, commune désignée comme légataire, salue le geste du défunt, guidé par l'intérêt du "bien collectif".

Il recevra quoiqu'il arrive la moitié de l'héritage. Malgré tout, le fils d'un homme de 93 ans décédé en août 2023 a décidé de lancer une action devant le tribunal judiciaire de Toulon pour tenter d'obtenir la nullité du dernier testament de son père, révèle Var-Matin.

Dans ce document écrit en août 2021 devant notaire, Robert Debeausse, ancien entrepreneur riche d'un patrimoine de neuf millions d'euros, désigne sa commune de résidence du Pradet comme son légataire universel, c'est-à-dire comme seule bénéficiaire de ses possessions.

"Rendons hommage à ce Pradétan qui a souhaité agir pour le bien collectif de notre commune et de ses habitants", a partagé le maire du Pradet sur Facebook, tout en indiquant "respecter le temps de l’instruction" en justice.

Un fils qui imagine son père "victime d'abus de faiblesse"

Le fils du défunt, Jean-Marie Debeausse, a été surpris et "déstabilisé" en apprenant l'existence de telles dispositions, confie-t-il auprès de Var-Matin. Il évoque notamment l'existence de quatre actes testamentaires réalisées auprès du "notaire de famille" entre octobre 2020 et avril 2021, qui prévoyait de faire de son fils et de ses petits-enfants ses uniques héritiers. Selon lui, il était également "très important" pour son père que sa résidence, une villa du quartier des Bonnettes, reste dans la famille.

Mais un cinquième testament, le dernier en date, fait état de nouvelles dispositions, enregistrées "sur un vulgaire bout de papier" auprès d'une notaire inconnue de la famille.

Autant d'éléments qui interrogent Jean-Marie Debeausse, qui explique que son père était "handicapé" à la fin de sa vie. Le fils du nonagénaire décrit de multiples déficiences (mauvaises ouïe et vue) et une incapacité à se déplacer seul. "Un médecin a constaté un mois avant son décès un trouble de la mémoire et une altération de son état général", explique le fils, assurant que son père souffrait aussi d'une solitude aggravée durant la période du Covid-19.

"Je suis certain qu’il a été victime d’un abus de faiblesse. On lui a chamboulé la tête", partage-t-il auprès de Var-Matin.

Bilan de succession, vote au conseil municipal...

Si le maire du Pradet dit "comprendre la douleur et la peine" de Jean-Marie Debeausse "pour qui cette décision est très certainement difficile à accepter", il ne ferme pas la porte à l'obtention du legs par sa ville.

Deux étapes précéderont toutefois un éventuel transfert de propriété, après décision du tribunal: un examen de l'actif et du passif du défunt pour identifier de potentielles dettes et un vote au conseil municipal pour décider si Le Pradet doit accepter d'être légataire.

Glenn Gillet