Gravats, ouverture de commerces... À Roquebrune-sur-Argens, les terres agricoles disparaissent, la mairie riposte

À Roquebrune-sur-Argens, la ville a acheté 39 hectares de terres agricoles depuis 2020. - BFM Toulon Var
Depuis plusieurs mois, à Roquebrune-sur-Argens, certaines terres agricoles ressemblent à une déchetterie à ciel ouvert. Des riverains y déposent leurs ordures ou encore des gravats. Il y a parfois même des caravanes et des voitures qui s'y installent.
"Ici c'était une ancienne pépinière donc une zone agricole, et maintenant c'est devenu un garage automobile, carrosserie," se désole un agriculteur.
"Le dernier rempart contre la famine"
Un cas loin d'être isolé. Entre 1.500 et 2.000 terrains agricoles seraient détournés en moyenne chaque année dans la région. Selon la Safer, l'opérateur foncier de l'espace rural et périurbain, ce phénomène affecte directement les agriculteurs locaux. Un constat qui est partagé par Sébastien Perrin, secrétaire général de la chambre d'agriculture du Var et vice-président de la FDSEA.
Il alerte sur les conséquences au micro de BFM Toulon Var: "une terre agricole perdue ne sera plus jamais retrouvée". "Aujourd'hui, nous n'avons pratiquement plus le droit de gagner d'espaces sur la forêt et la qualité agronomique des sols forestiers surtout en Méditerranée sont très pauvres et pas adaptés," poursuit-il.
Depuis des siècles, dans la plaine de Fréjus-Roquebrune, les Varois cultivent des arbres fruitiers, de la vigne, et ils y font du maraîchage et de l’horticulture. Alors, pour le syndicat, la disparition de ces terres met en danger l'avenir du territoire.
39 hectares achetés depuis 2020
"Là, nous avons la chance d'avoir un outil agricole, c'est la troisième plaine la plus fertile d'Europe. Nous sommes le dernier rempart contre la famine de l'ensemble de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur," affirme le vice-président de la FDSEA.
Pour lutter contre ce fléau, la commune a décidé d'agir. Selon Jean Cayron, édile (Divers centre) de Roquebrune-sur-Argens, la ville a acheté 39 hectares de terres agricoles depuis 2020 "pour les sortir de ce marché". Les élus reçoivent chaque semaine un responsable de la Safer et la mairie a même créé une charte de bonne conduite.
"Nous sommes obligés d'insister pour travailler, pour engager des procédures et pour trouver une solution pour éviter que ces terrains soient utilisés pour autre chose que de l'agriculture," explique le maire au micro de BFM Toulon Var.
À l'échelle nationale, un texte pour lutter contre la disparition des terres agricoles a été adopté en première lecture par les députés début mars.