Kaizen: qu'est-ce qu'il y a dans le documentaire sur l'Everest d'Inoxtag?

Depuis qu’il revenu de l’Everest, Inoxtag est introuvable. Depuis le printemps dernier, date à laquelle le youtubeur de 22 ans s’est envolé pour le Népal, c’est le silence radio. Le vidéaste n’a donné ni signe de vie sur Youtube, où il publie en temps normal 4 vidéos par mois, ni sur les réseaux sociaux.
La raison de son absence? Un documentaire diffusé ce vendredi 13 septembre en séance unique dans plus d’une centaine de salles en France et à l’étranger, et gratuitement sur Youtube ce samedi à 14h30. Kaizen: Un an pour gravir l’Everest raconte ainsi les coulisses de l’aventure et de son ascension sur le toit du monde, haut de plus de 8.800 mètres.
Une superproduction hollywoodienne
Chez Tech&Co, on a assisté à l'une de ces séances, qui se sont toutes jouées à guichets fermés, et on vous dit tout sur le long-métrage du vidéaste. Attention spoiler.
Un Yéti, un aigle et surtout, des images épiques dignes d’une superproduction hollywoodienne. Dès l’introduction du documentaire, le ton est donné. Nous n’assistons pas à une simple vidéo Youtube. Mais bien à une production professionnelle, dont le projet a coûté entre 600.000 euros et un million de dollars.
Après quelques rappels sur les dangers de l’Everest, le documentaire nous plonge en février 2023. Le vidéaste aux 8 millions d’abonnés se lance alors un défi fou: gravir le plus haut sommet du monde dans un an, alors qu’il ne connaissait ni les techniques ni les codes de l’alpinisme.
Mais il y a du chemin. Le Francilien vit dans la salle de bain de chez ses parents, il multiplie la malbouffe et surtout, il n’est pas en condition. "Physiquement, il est claqué ", tranche Idriss, son coach sportif qui l’accompagnera tout au long de son entraînement. "Le gars, il est youtubeur, il n’a jamais fait d’alpinisme. Forcément, des appréhensions", ajoute Mathis Dumas, le guide de haute montagne qui l'emmènera gravir l’Everest.
La sincérité de la démarche du youtubeur finit par convaincre le passionné de montagnes. Il ne veut pas simplement gravir l’Everest pour le défi. Il veut apprendre les codes de l’alpinisme et découvrir sa passion.
Un entraînement sur les plus hauts sommets
Il commence alors un périple pour gravir les sommets les plus emblématiques. Lors de sa première ascension, il fait tomber un détendeur, rate son noeud de huit, "T’as pas ça dans Minecraft", ironise Mathis Dumas, et peine à faire quelques mètres. Mais rapidement, Inoxtag acquiert de la dextérité. Il enchaîne la Dent du géant (Chamonix), le Cervin (Suisse), le Toubkal (Maroc), le mont Blanc (France) et enfin, l’Alma Dablam au Népal. Des passages nécessaires, mais tous les alpinistes ne le font pas.
Cette dernière ascension marque le youtubeur. Il tombe malade pendant l'expédition, très éprouvante physiquement. A son retour, silence radio. Inoxtag enchaîne les vidéos Youtube et se détourne de la montagne.
"Je te fais un vocal parce que je m’inquiète", lui écrit Mathis Dumas. "Ne fais pas le con. Là, t’es en train de chier sur tout ce qu’on a fait cette année."
Un message qui motivera le youtubeur à reprendre son entraînement.
Après 1h30 de film, c’est le moment tant attendu par les fans. Quelques cris s’échappent de la salle: Inoxtag part au Népal pour gravir l’Everest. "Tu penses qu’on va atteindre le sommet?", demande innocemment le vidéaste à une enfant Sherpa. "Non", lui répond-elle, sans autre forme de procès. Une intervention qui provoque l’hilarité générale dans la salle. Mathis, lui, est confiant. "C’est l’équivalent de 5 à 6 ans de travail qu’il a fait en un an", observe-t-il.
Météo capricieuse, tempête et vol d’oxygène
Avec une pointe d’appréhension, c’est la dernière ligne droite. Quatre jours d’ascension pour gravir les 8.800 mètres de la montagne. Les difficultés s’enchaînent pour le Youtubeur. La météo est particulièrement capricieuse, les -30C° mordent les doigts. Manish, le Sherpa avec qui il lie une belle amitié tout au long du film, tombe malade. Au cours de son ascension, l’équipe se fait même voler deux bouteilles d’oxygène.
"C’est le début d’un film d’horreur", plaisante Inoxtag emmitouflé dans son duvet alors qu’une tempête s’abat sur le camp 2. "C’est trop dur, ce n’est pas un endroit fait pour l’homme."
Mais le vidéaste tient le coup. "J’essaye de ne pas penser à la difficulté. Chaque pas me rapproche de l’objectif. (…) Là, on arrive dans le col de la mort. Je le fais pour tous les gens qui ont dit que je ne pourrais pas le faire. Petit pas par petit pas, j’irai au sommet."
Un pari réussi pour Inoxtag
Le départ pour la dernière ligne droite se fait en pleine nuit. C’est parti pour 10 heures de grimpette. Les flashbacks de tous les moments difficiles du périple s’enchaînent sur Run Boy Run de Woodkid. La salle retient son souffle. Le youtubeur est finalement arrivé en pleurs au sommet, après une ascension particulièrement éreintante. "On l'a fait putain", lance-t-il. Les applaudissements fusent.
"Il ne faut pas chercher à être le meilleur, il faut chercher à être meilleur qu'hier. Il faut arrêter d'être derrière les écrans et vivre à travers les autres. Sortez dehors si vous avez un projet, faites-le. Si j'avais écouté les gens, je ne serais pas ici", explique-t-il dans un message d’espoir avant de redescendre.
Une redescente elle aussi compliquée. La corniche sur laquelle ils étaient postés 40 minutes auparavant s’effondre. Sur le chemin, il trouve également un homme entre la vie et la mort à qui il donne sa bouteille d'oxygène.
Outre les scènes d’ascension, le documentaire n’oublie pas d’ajouter quelques touches d’humour, à la façon Youtube. Comme une scène chez le coiffeur au Népal, la rencontre avec un Suisse qui raconte une anecdote cocasse ou un "room tour" (une présentation vidéo de sa chambre, NDLR) de sa tente sur l’Everest, accompagné d’une séquence de placement de produits un peu longue.
"Petit à petit, tu peux gravir la montagne"
Le film a également à coeur de montrer les dégâts causés par le surtourisme, la pollution ainsi que les risques liés à cette expédition. Dans un dernier message, il enjoint les spectateurs à se déconnecter.
"Je me rends compte qu’on est matrixé par les écrans. (…) Il y a plein de gens qui ont des rêves tellement qu’ils se disent: ‘Je ne peux pas le faire’. Mais petit à petit, tu peux gravir la montagne", conclut-il. "C’est ça Kaizen. Ca veut dire s’améliorer jour après jour."
Dans les salles et sur les réseaux sociaux, les spectateurs sont dithyrambiques. "J’ai pris une sacrée claque, je ne m’attendais pas à un documentaire aussi qualitatif", écrit un utilisateur sur X (ex-Twitter). "Vraiment si après le documentaire d’Inoxtag, tu ne changes pas ta mentalité pour devenir meilleur, c’est que tu as rien compris", ajoute un autre.
Pour ceux qui n’ont pas pu assister à une des 500 séances et qui souhaiteraient visionner Kaizen, pas de panique. Le documentaire sera disponible gratuitement sur Youtube ce samedi 14 septembre, à 14h30.