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Primaires démocrates: l’application de décompte des votes provoque un fiasco

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Selon le New York Times, l’application mise au point pour la désignation du candidat démocrate dans l’Iowa n’était pas suffisamment robuste pour le scrutin. Les résultats n’ont toujours pas été publiés.

La désignation du candidat démocrate qui affrontera Donald Trump lors de l’élection américaine de novembre prochain commence mal. Ce 3 février dans l’Iowa, les électeurs du Parti démocrate étaient appelés à voter pour l’un des candidats à la primaire, parmi lesquels Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Joe Biden, Pete Buttigieg ou encore Amy Klobuchar. Mais alors que les résultats étaient censés être annoncés au cours de la soirée, aucun chiffre n’a pu être communiqué à ce jour, entretenant la confusion entre les différents adversaires. L’application de décompte des voix est directement mise en cause.

Le vote par Internet mis en cause

D’après les informations du New York Times, l’application choisie par le Parti démocrate de l’Iowa n’a pas été testée à grand échelle avant le scrutin, après avoir été développée à la hâte. De nombreux membres du parti affirment avoir eu des difficultés à se connecter à l’application pour enregistrer leur vote. L’assistance téléphonique a quant à elle été submergée. Une situation qui a provoqué l’impossibilité de faire remonter les résultats provenant des différentes fédérations locales.

L’utilisation d’une application mobile pour un scrutin de grande ampleur est vivement critiquée par plusieurs spécialistes en informatique. “Les conclusions des experts ayant travaillé sur ces questions sont sans équivoque. Le vote par Internet et sur mobile ne devraient pas être mis en place à ce jour dans le cadre d’élections civiles” explique Matt Blaze, professeur d’informatique et de droit à l’université de Georgetown (Washington).

Il rappelle par ailleurs que toute technologie amenée à être largement utilisée doit être testée à plusieurs reprises, afin d’assurer son bon fonctionnement ainsi que sa robustesse face à d’éventuelles attaques malveillantes. Les difficultés de tels logiciels peuvent venir tant de leur code informatique, que des smartphones sur lesquels ils sont utilisés ou du réseau cellulaire disponible dans l’environnement de l’utilisateur.

Pas de piratage

Une partie des difficultés rencontrées pour faire remonter les résultats semblent justement concerner la mauvaise connexion des smartphones de certains membres du parti, désignés pour transmettre les résultats. Mais la robustesse de l’application est également visée. Selon le New York Times, certains organisateurs du scrutin avaient émis des doutes quant à la capacité du système à résister à un afflux de connexions simultanées. De nombreuses plaintes liées à un dysfonctionnement auraient par ailleurs été adressées au siège du Parti démocrate de l’Iowa, avant même le début du vote.

L’absence de résultats a provoqué la colère des militants, mais également la naissance de certaines théories complotistes autour d’une hypothétique manipulation du scrutin. Interrogé sur le sujet, les instances locales du Parti démocrate précisent cependant qu’il s’agit avant tout d’un problème technique, et non d’un acte de piratage. Les résultats du vote pourraient être communiqués ce mardi, après un décompte manuel des relevés sur papier. Le système, mis au point par la firme Shadow Inc., a vocation à être utilisé dans les prochains scrutins liés aux primaires démocrates.

Le vote électronique - sur smartphone comme sur des machines installées en bureau de vote - suscite régulièrement des débats concernant sa vulnérabilité. En Suisse, le gouvernement a récemment proposé une récompense de 130.000 euros à quiconque parviendrait à pirater son système de vote électronique. Il n’a fallu que quelques jours pour que des chercheurs mettent le doigt sur une faille de sécurité “majeure” dans le système.

En 2017, le vote électronique pour les Français de l’étranger avait été suspendu pour les élections législatives, face à la crainte de cyberattaque. En juin 2019, un fabricant de machines à voter a réclamé des procédures plus rigoureuses pour tester la fiabilité de ces appareils.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co