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"Rendre les gens plus heureux": sur Tiktok, un Japonais expatrié en Corse cartonne avec ses vidéos dégustation

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Yuta Niimoto est arrivé sur l’île de beauté il y a 12 ans. Sur Tiktok, il s’amuse à déguster des spécialités japonaises et françaises pour le plus grand plaisir de ses 336.000 abonnés.

A 37 ans, Yuta Niimoto est un peu dépassée par sa notoriété. "A Ajaccio, à Paris ou à Marseille... On me reconnaît dans la rue", s'étonne-t-il. Du haut de ses 336.000 abonnés, ce Japonais arrivé en Corse il y a plus de dix ans est devenu une star d'internet.

"A la base, je suis pâtissier. Je faisais des gâteaux français au Japon. C'est pour ça que j'ai choisi la France", se remémore le créateur de contenus, auprès de Tech&Co. Alors en 2012, il décide de quitter Kobe, sa ville natale, direction l'Hexagone. Mais rapidement, il déchante.

"J’étais très choqué en me levant"

"Paris, ça ne m'a pas plu", observe le vidéaste. "Peut-être qu'il faisait trop froid ou que je n'avais pas d'ami." Il cherche alors un autre travail et trouve deux offres: une à Colmar, et une à Ajaccio. "J'ai fait des recherches, et j'ai vu la mer et les plages de Corse." Son choix est fait.

En avril 2013, il pose alors ses bagages sur l'île de beauté. Et c'est seulement dix ans plus tard, en 2023, qu'il décide de se lancer un peu par hasard sur les réseaux sociaux. D'abord sur Youtube. Mais ça ne prend pas.

"Je ne trouvais pas d'idées, et j'avais du mal avec le montage", précise celui qui travaille dans un restaurant de sushi. Sa femme lui conseille alors de partager ses vidéos sur Tiktok. Il publie quelques vidéos de dégustation. Dans l'une d'elle, il teste un kit pour fabriquer des bonbons Mario. Le succès est immédiat. La vidéo dépasse les 500.000 vues en quelques jours.

"En une nuit, on a eu plus de 10.000 abonnés", s'étonne-t-il. "C’est venu d’un coup grâce à Mario (...) J’étais très choqué en me réveillant."

Alors, le vidéaste continue de partager les spécialités incongrues tout droit importées de son pays natal. "Il y a une vraie fascination autour du Japon. Ma communauté est très curieuse", observe Yuta. Mais depuis, cet expatrié partage des dégustations de produits japonais ou de spécialités corse, teste des restaurants locaux ou partage son amour du baseball. Le tout, soigneusement mis en scène par sa femme. Au total, le vidéaste en herbe publie au moins une vidéo par jour sur ses différents profils.

Au programme, des dégustations de bonbons japonais, de sodas aux goûts étranges et beaucoup de spécialités françaises comme les sardines, la galette des rois ou les œufs à la coque. "Là, on était en train de manger un fromage local. C’est trop bon", sourit le vidéaste, la tomme de brebis à la main.

Un kebab à 6 millions de vues

Et ça cartonne. Sa recette du "plat de la flemme au Japon" cumule 2,6 millions de vues, et une dégustation de bonbons en forme de ballons a atteint les 1,7 millions de vues. Sa vidéo dégustation kebab et tacos dépasse même les 6 millions de vues. "Trop bon", s'extasie-t-il après avoir croqué un bout du tacos. "C'est un de mes plats préférés parce qu'au Japon, il n'y en a pas." Puis, vient le tour du kebab. "J'ai payé 8 euros, il est bien épais, il y a beaucoup de choses dedans. Ca, c'est 10/10."

Dans une autre publication, il tente de faire une recette corse, le granaghjoli. "On m’a dit que c’était une recette pour les pauvres à la base, mais avec le prix de la farine de châtaigne, je ne sais pas quel pauvre peut manger ça", constate-t-il.

Sa franchise et sa spontanéité sont justement ce qui plaît aux internautes. Les expressions un peu approximatives de Yuta font d’ailleurs beaucoup rire. "C’est moi ou il commence à avoir l’accent Corse?", questionne l’un d’entre eux. "'C’est beau, c’est vert'. Il m’a refait ma journée", ajoute un autre en citant une phrase prononcée par le tiktokeur. "La vidéo du bonheur. tous mes soucis se sont envolés", écrit un dernier.

"Au début, j’avais peur des commentaires négatifs, tout le monde m’avait prévenu qu’il fallait faire attention. Mais au final, ils sont tous très gentils", s’enthousiasme Yuta.

Désormais, le créateur de contenu commence même à attirer des partenariats et des marques, comme des magasins de bonbons, des producteurs de sacs ou de figatelli, la célèbre charcuterie corse. Mais le Japonais l'assure: l’objectif n’est pas de devenir créateur de contenus à plein temps. "Le but, c’est de rendre les gens un peu plus heureux après chacune de mes vidéos", sourit-il.

Salomé Ferraris