"Starter pack": quand les artistes se mobilisent contre cette tendance de l'IA

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes s'amusent à partager leur "starter pack", une photo générée par IA qui représente une personne sous forme de figurine. Agacés, les dessinateurs et illustrateurs ont riposté avec le hashtag #StarterpacknoAI.

Le starter pack de Jean-Marie Lepen, d'Harry Potter ou encore de Bruno Retailleau. Depuis quelques jours d'étranges images de "packs de démarrage", en français, inondent les réseaux sociaux.

Concrètement, il s'agit d'images générées par intelligence artificielle censées représenter une personne sous forme de figurine, avec quelques accessoires astucieusement choisis qui illustrent son caractère, son métier ou ses passions. Le tout, placé sous un emballage plastique, comme si la figurine sortait tout droit d'un magasin de jouets.

Influenceurs, politiques et associations

Rapidement, de nombreux internautes se sont amusés à poster leur double en figurine sur les plateformes, X (ex-Twitter) en tête. C'est par exemple le cas du préfet du Gard, Jérôme Bonet ou de l'influenceur Eddy Papeoo.

Si la majorité des internautes partagent leur propre avatar, d'autres en ont profité pour créer les starter pack de personnages de fiction, ou de personnalités publiques. L'humoriste Aymeric Lompret a ainsi créé les figurines de Bruno Retailleau, de François Bayrou ou d'Elisabeth Borne.

Celui de Manuel Valls est ainsi accompagné de trois vestes de costumes de couleur, d'un petit chien et d'une paire de menottes. François Bayrou, lui, a le droit à son petit burger et à une oreille géante.

Avec l'ouverture du service de la déclaration des impôts, ce jeudi 10 avril, l’association nationale de défense des contribuables s'est amusée à créer le starter pack du contribuable. On peut ainsi voir un homme paniqué, accompagné d'une calculatrice et de liasses de billets.

Les artistes se mobilisent

Le hic, c'est que la tendance est loin de faire l'unanimité. De nombreux artistes se désolent de toutes ces images générées par IA qui fleurissent sur les plateformes, inquiets que l'IA ne vienne les remplacer.

En signe de protestation, des dessinateurs ont ainsi partagé leurs propres starter packs, mais cette fois-ci dessinés à la main. C'est le cas de Fannylng, qui partage ce type de dessin depuis 2018.

De son côté, le dessinateur Patouret a lancé le hashtag "starterpacknoAI", où il invite utilisateurs et illustrateurs à créer à "la sueur de leur front" leur propre starter pack. Le tout, sans IA.

De nombreux artistes ont suivi le mouvement. C'est par exemple le cas de la dessinatrice Pénélope Bagieu.

"Starter pack dessiné avec des vraies mains humaines et l’utilisation d’un vrai cerveau. Le mien. Ça m’a pris presque deux heures. Mais c’est unique", rappelle de son côté Mespresquesrien.

"Je suis désolée mais les versions IA sont toutes les mêmes. Ca manque d’originalité… du coup je me suis lancée (...) Ça permet de montrer la diversité des styles dans l’illustration, un savoir-faire et une originalité propres à chaque artiste (ce qui, je suis désolée pour ceux ou celles que je vais vexer, n’est pas le cas avec l’IA", souligne Marion Blanc, illustratrice, qui a également créer son propre starter pack.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que des images générées par IA envahissent les réseaux sociaux. Avec l'intégration de DALL-E 3 directement dans ChatGPT la semaine dernière, de nombreux internautes s'étaient alors amusés à transformer photos historiques, mèmes d'internet ou encore photos personnelles façon studio Ghibli.

Une tendance qui, là encore, avait fait grincer des dents les artistes. Beaucoup d' internautes s'étaient insurgés de cette utilisation de l'IA et y ont vu un manque de respect, voire un pillage sans vergogne de l'oeuvre originale d'Hayao Miyazaki.

Salomé Ferraris