Mosquée de Strasbourg: les porteurs du projet ont "retiré" leur demande de subvention

La future mosquée de Strasbourg, Eyyub Sultan, en construction, le 6 avril 2021 - Frederick FLORIN © 2019 AFP
Les porteurs du projet de construction d'une grande mosquée à Strasbourg ont "retiré" jeudi leur demande de subvention auprès de la mairie. C'est l'édile écologiste de la ville, Jeanne Barseghian, qui en fait l'annonce ce vendredi après plusieurs semaines de polémique.
Dans une tribune publiée par les Dernières Nouvelles d'Alsace, la maire EELV dit constater leur "besoin de consolider leur plan de financement".
"Je prends acte de ce retrait et la Ville ne versera donc pas en l'état de subvention pour la poursuite de la contruction de la mosquée", ajoute Jeanne Barseghian.
Bras de fer
La maire de la capitale alsacienne rappelle avoir "conditionné le versement d'une subvention à la confirmation par l'association de son inscription dans les principes républicains et à la présentation d'un plan de financement transparent et consolidé".
L'État et la mairie écologiste avaient engagé un bras de fer après le vote le 22 mars par le conseil municipal d'une délibération actant le "principe" d'une subvention de plus de 2,5 millions d'euros destinée au chantier de la mosquée, un projet porté par la Confédération islamique Millî Görüs (CIMG) Est, une association d'origine turque.
"Ingérence étrangère"
Ce vote avait suscité une vive réaction du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait reproché à la maire de financer une "ingérence étrangère", en l'occurrence celle de la Turquie, en France. Le ministre reprochait particulièrement à Millî Görüs de ne pas avoir signé en janvier la "Charte des principes de l'islam de France".
La préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier avait ainsi saisi début avril le tribunal administratif de la "délibération litigieuse" du conseil municipal de Strasbourg. De son côté, Millî Görüs avait récusé les accusations "infondées" d'allégeance à Ankara ou de "séparatisme".
Schiappa se réjouit de la décision
Interrogée sur LCI, la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa s'est félicitée du retrait de la demande de subvention. "Je me réjouis sur le fond que ces deux millions et demi d'euros n'aillent pas financer une association qui promeut l'islam politique", a-t-elle réagi.
"Quelle lâcheté du début à la fin de la part de la mairie, de la municipalité de Strasbourg. Il n'y a aucune décision qui a été vraiment assumée", a tancé Marlène Schiappa.
"C'est l'association elle-même qui a finalement décidé de ne pas demander de subvention", a poursuivi la ministre, "les responsables politiques ne sont pas là pour subir face aux offensives de l'islam radical, ils sont là pour prendre des décisions même si elles sont difficiles et nous exposent".
Pour la ministre, il est reproché à Millî Görüs "ses accointances avec les sphères (du président turc Recep Tayyip) Erdogan" mais surtout "d'avoir refusé de signer la charte de l'islam en France", preuve selon elle d'un "islam politique".
"Je ne pense pas qu'il faille interdire (Millî Görüs)", a-t-elle ajouté, "mais entre ne pas interdire et financer il y a peut-être une marge".