Val-de-Reuil: des enseignants se mettent en grève, sous fond de conflit avec la famille d'une élève handicapée

Un cartable dans une salle de classe - Image d'illustration - Fred TANNEAU / AFP
Les enseignants de l'école du Pivollet de Val-de-Reuil (Eure) seront en grève lundi prochain. Une décision soutenue par la municipalité. Dans un communiqué partagé ce jeudi, le maire, Marc-Antoine Jamet a souhaité s'adresser aux parents d'élèves afin de leur exposer la situation.
"Les enseignants des écoles élémentaire et maternelle du Pivollet font face, depuis plusieurs semaines, à de graves difficultés. Elles sont directement liées à la scolarisation d’une élève de CM1 porteur de handicap et à son suivi", explique le maire.
Tout au long de sa lettre, Marc-Antoine Jamet explique les difficultés du corps enseignant depuis l'arrivée d'une élève, âgée de 11 ans, souffrant de "troubles importants du comportement", qui a été récemment exclue. De son côté, la mère de l'enfant estime que sa fille est victime d'harcèlement en raison de son handicap.
Plusieurs plaintes déposées
Selon l'édile, une période d'observation a permis de déceler le besoin pour l'enfant de suivre un parcours en classe Ulis -un parcours particulier pour la scolarisation d'élèves en situation d'handicap. "Cette proposition a été refusée par la famille qui s’est montrée particulièrement véhémente, recherchant, à travers des altercations verbales répétées, à mettre volontairement en échec toutes les pistes de règlement [...] qui lui étaient soumises", détaille-t-il.
Marc-Antoine Jamet estime que les parents de l'élève mis en cause ont, depuis, intimidé et menacé l'équipe de l'école du Pivollet.
"Des différences d’appréciation quant aux systèmes de scolarisation envisagés ne peuvent justifier les imprécations, les menaces ou les actes d’intimidation qui ont été régulièrement proférés à l’encontre de l’équipe enseignante", justifie-t-il.
Selon le premier magistrat de Val-de-Reuil, plusieurs enseignants ont déposé plainte au commissariat tandis que des mesures de protection ont dû être prises pour protéger les personnes ciblées.
L'édile a également saisi le préfet de l’Eure, après avoir reçu dans son bureau la mère de l’enfant. "Cette dernière, en effet, appliquant avec lui et ses collaborateurs la même tactique de blocage qu’avec les enseignants, son conjoint indiquant même, avant de claquer violemment la porte de l’Hôtel de Ville, qu’il souhaitait que lui soient opposées 'l’armée, l’antigang, la BRI et la BAC'", est-il précisé.
Le maire a ainsi réitéré tout son soutien à l'équipe enseignante, qui a décidé de faire grève afin d'éviter "qu'un nouvel incident ne dégénère".
"Discrimination"
Des vidéos ont été relayées massivement sur les réseaux sociaux où la mère de famille se filme en essayant de déposer sa fille au sein de l'école du Pivollet, qui a été exclue. "Discrimination, obstruction au droit fondamental à l'instruction", écrit-elle.
Sur les images partagées sur son compte TikTok, la mère décrit un "comité d'accueil": plusieurs policiers municipaux sont visibles et se trouvent devant les grilles de l'établissement avec plusieurs membres de l'Éducation nationale. S'ensuit un échange à propos de l'exclusion de l'élève dont la mère de famille dit "contester la décision" de l'établissement, qu'elle juge "unilatérale".
"J'évoque le fait que l'enfant est frappée, par un tiers", martèle la mère de famille qui estime que les lunettes de sa fille ont été cassées et que celle-ci a la preuve de "tuméfactions".
"Ma fille est mise en pâture, elle se retrouve confrontée à un harcèlement réel et véridique et avéré", estime-t-elle. Une situation qu'elle dénonce depuis le 27 février dernier.
Lundi, un service minimum sera assuré pour les parents ne disposant pas de moyen de garde. Marc-Antoine Jamet a cependant expliqué "avoir longuement hésité". "Il est insupportable d’être accusé de racisme, sur l’ensemble des réseaux sociaux, par la toute récente habitante d’une ville dont elle ignore tout", explique-t-il.