Rouen: Lubrizol mise en demeure de se conformer aux normes sur les risques d'explosion

Devant le site de Lubrizol à Rouen, le 24 octobre 2019. - Lou BENOIST © 2019 AFP
Lubrizol France est mise en demeure de se mettre en conformité contre le risque d'explosions sur son installation de Rouen, a alerté, mercredi 14 mai, l'association "Union des victimes de Lubrizol", cinq ans après le gigantesque incendie sur ce site.
Par un arrêté du 5 mai 2025, consulté par l'AFP, la préfecture de Seine-Maritime met en demeure la société Lubrizol de mettre "en oeuvre des matériels électriques conformes aux zones à risque d'explosion ATEX (pour ATmosphères EXplosives NDLR) avant le 30 juin 2025".
D'après ce document, la société Lubrizol France a réalisé en 2019 un audit de son usine rouennaise qui fabrique des additifs pour lubrifiants, révélant "377 équipements non conformes dont 152 catégorisés en priorité 1: à lever dès que possible".
Seulement 87 équipements mis en conformité sur 377
Or, lors d'une visite d'inspection en date du 13 mars 2025 de ce site classé Seveso seuil haut, les agents de la DREAL ont "constaté que seules 87 (sur 377 NDLR) non conformités ont été levées depuis 2019, dont une seule en priorité 1".
"Chez Lubrizol, notre priorité absolue est de travailler de manière sûre et responsable" a répondu Lubrizol France, interrogée par l'AFP, "nos équipements sont régulièrement évalués en interne conformément aux normes de production et de sécurité applicables".
Pour Christophe Holleville, secrétaire de l'Union des Victimes de Lubrizol, "cet audit date de 2019, ça fait cinq ans que ça dure et on donne encore un délai sans astreinte journalière à Lubrizol, rien ne change".
"On est en droit de se demander pourquoi après l'incendie de 2019 Lubrizol attend une mise en demeure pour mettre son usine aux normes", a-t-il poursuivi, "je pense particulièrement à leurs employés, généralement les premières victimes d'une explosion ATEX, il faudrait les protéger".
Huit substances cancérogènes relâchées par l'explosion
Dans la nuit du 25 au 26 septembre 2019, la combustion de près de 10.000 tonnes de produits chimiques n'avait fait aucune victime mais provoqué toux, gêne respiratoire, irritation, mal de gorge, nausées et vomissements dans la population.
Un rapport de suivi publié en septembre 2024 par des chercheurs de l'université de Rouen avait mis en évidence la présence de huit substances classées "cancérogènes et mutagènes, perturbateurs endocriniens et/ou reprotoxiques, ou toxiques pour les organismes aquatiques" dans l'environnement "reliables uniquement à l'incendie".
La société SAS Lubrizol France est mise en examen des chefs d'exploitation non conforme d'une installation classée, déversement et rejet de substance nuisible dans les eaux douces, souterraines ou superficielles.