Rouen: critiqué pour son coût de 11 millions d'euros, le projet de spectacle de Thomas Jolly pour le 14-Juillet abandonné

Le directeur artistique des JO Thomas Jolly le 20 juin 2024 - BERTRAND GUAY
Le projet de spectacle de Thomas Jolly pour le 14-Juillet à Rouen n'aboutira pas. La ville de Rouen et la métropole Rouen Normandie ont annoncé que le projet est abandonné dans un communiqué envoyé à la presse, mardi 20 mai.
"Thomas Jolly et Thierry Reboul viennent d’annoncer que le projet '14.7' ne sera finalement pas lancé cette année", précise le communiqué.
"Une petite minorité politicienne a préféré la polémique"
"Rouen et la métropole ont été honorées d'avoir été sollicitées pour accueillir ce projet culturel et artistique d'envergure internationale", indique le communiqué, estimant que ce spectacle " aurait permis de faire travailler des centaines d’artistes locaux, intermittents du spectacle, compagnies, établissements culturels, de mobiliser des milliers de bénévoles".
"Une petite minorité politicienne a préféré la polémique en refusant de rencontrer Thomas Jolly, en agitant de fausses informations, au moment où se finalisaient les partenariats privés nécessaires. Je le regrette", a fait savoir le maire PS de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, cité dans le communiqué.
"Face à l’intolérance, la haine mais aussi face aux petites postures politiciennes, je continuerai de défendre la Culture pour tous, par tous, partout. Pas dans les mots : dans les actes", conclut-il.
Une opposition des écologistes et de la droite
Plus tôt, les élus écologistes de la ville de Rouen et de la métropole avaient annoncé, ce mardi, dans un communiqué publié sur X, qu'ils auraient voté contre le projet du metteur en scène normand, au budget de 11 millions d'euros.
Le spectacle initial projeté par Thomas Jolly était prévu pour durer 1h30 et se dérouler autour du pont Flaubert, de la presqu'île Rollet et de l'esplanade Saint-Gervais. C'est surtout son coût, jugé "colossal", qui a cristallisé les tensions: 11 millions d'euros, dont 5 millions financés sur fonds publics, 3 millions par la ville de Rouen et 2 millions par la métropole.
"Les groupes écologistes de la Ville de Rouen et de la Métropole Rouen Normandie voteront donc contre les subventions publiques accordées au projet 14.7 et appellent à l'organistion d'une grande Fête du Fleuve qui s'inscrit sur le long terme, entre charque Armada", concluait le communiqué publié par le groupe écologiste rouennais.
Dans un communiqué, publié sur X mardi 13 mai, Marine Caron, conseillère municipale d'opposition (Horizons) à Rouen, avait elle aussi, dénoncé ce projet, le qualifiant de "pharaonique" et fustigeant les méthodes de Nicolas Mayer-Rossignol, l'accusant d'avancer "sans même associer les partenaires de sa propre majorité".
De son côté, la municipalité avait répondu aux critiques dans Paris Normandie. Marie-Andrée Malleville, adjointe au maire en charge de la culture, du patrimoine et du tourisme dénonçait alors la prise de position des élus qui "font le choix de mettre en danger un projet dont les retombées pour l'agglomération rouennaise pourraient être exceptionnelles".
Un manque de financement privé
Dans un communiqué, Thomas Jolly est revenu sur l'annulation du projet de spectacle. "La part d’argent privé nécessaire à la tenue du projet 14 n’est pas atteinte. Par conséquent, la part d’argent public envisagée pour ce projet n’est pas sollicitée", avance-t-il.
"Ne pas voir un projet se concrétiser faute de rassembler les financements nécessaires est une réalité assez banale dans le milieu artistique et événementiel", a-t-il ajouté.
Thomas Jolly n'a tout de même pas manqué de réagir à la polémique qu'a provoquée ce projet. "Mais ce qui est moins banal – et regrettable – c’est de constater qu’une partie de la presse, ainsi que certains élus politiques, ont choisi de divulguer et de commenter ce projet avant même que sa faisabilité ne soit assurée", a-t-il dénoncé en soulignant que ces critiques avaient ravivé, à son égard, "un discours de haine, bien loin de toute considération budgétaire".