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Seine-Maritime: des habitants se mobilisent pour un jeune boucher, menacé d'expulsion

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Adama a reçu il y a quelques mois une obligation de quitter le territoire français, même s'il a construit sa vie ici, avec un CDI, un appartement et une petite amie.

Un fort élan de solidarité. A Darnétal en Seine-Maritime, de nombreux habitants ont décidé de se mobiliser pour soutenir Adama, jeune boucher de la commune sous le coup d'une OQTF (obligation de quitter le territoire français).

C'est dans une boucherie du centre-ville qu'Adama travaille depuis trois ans. D'abord en tant qu'apprenti et, depuis septembre 2021 en CDI, le jeune homme de 21 ans prépare et découpe la viande des Darnétalais.

Une épée de Damoclès

Originaire du Mali et sans papier, Adama a reçu il y a quelques mois une obligation de quitter le territoire français, même s'il a pourtant construit sa vie ici, avec un CDI, un appartement et une petite amie. "Je suis un peu stressé, je ne sais pas comment ça va se passer", confie Adama au micro de BFM Normandie.

"J'ai vraiment peur [de retourner au Mali]. Maintenant, il y a des guerres et c'est compliqué de retourner là-bas", explique le jeune boucher de 21 ans sur notre antenne.

Un recours a été déposé par son avocat et se traduira par une audience devant le tribunal administratif de Rouen le 29 novembre prochain.

Une épée de Damoclès au-dessus de la tête d'Adama, mais aussi de son patron. "On veut le garder pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'on l'aime bien, il fait un peu partie de la famille", confie Irwin Lafilé, patron de la boucherie d'Alex à Darnétal.

"Outre ça, on a aussi des difficultés à recruter et Adama est un bon élément. Il arrive le matin à l'heure, voire en avance, il fait le boulot côté boucherie", indique ce dernier sur notre antenne.

"Je suis à 100% pour qu'il reste chez nous"

Depuis quelques mois, un comité de soutien pour Adama s'est constitué et de nombreuses actions ont été menées pour le soutenir, comme la création d'une affiche posée dans la commune où l'on peut lire "Adama doit rester chez nous", ou encore d'une pétition en ligne ayant déjà récolté un peu moins de 40.000 signatures. "On imagine mal le préfet ne pas donner une issue favorable, donc vraiment on compte sur sa bienveillance, son bon sens et son humanité", espère Nathalie Vial, membre du comité de soutien pour Adama.

"Pour une fois qu'on a quelqu'un qui veut s'en sortir, qui se donne les moyens et qui fait tout pour s'en sortir, ce serait vraiment dommage qu'on ne lui donne pas sa chance", estime Sylvie, une cliente habituée de la boucherie.

De nombreux habitants partagent l'avis du collectif et du patron d'Adama et soutiennent le jeune homme dans ses démarches. "Je suis à 100% pour qu'il reste chez nous pour travailler chez Irwin", selon Thierry Courtois, boulanger situé en face de la boucherie.

Une histoire d'Adama qui fait écho à l'actualité. Le gouvernement doit présenter son projet de loi sur l'immigration début 2023. Certains parlementaires parlent d'une création d'un titre de séjour spécifiquement dédié aux travailleurs sans papier, employés dans un secteur en tension, comme l'est actuellement Adama.

Célia Ngatsongo avec Alixan Lavorel