BFM Normandie
Normandie

Explosion mortelle dans une usine de Dieppe en 2018: deux sociétés condamnées à 400.000 euros d'amende

L'usine Saipol à Dieppe (Seine-Maritime) après l'explosion du 17 février 2018 dans laquelle deux salariés sont morts

L'usine Saipol à Dieppe (Seine-Maritime) après l'explosion du 17 février 2018 dans laquelle deux salariés sont morts - AFP - Charly Triballeau

Le tribunal judiciaire de Dieppe (Seine-Maritime) a condamné ce mercredi 5 mars deux sociétés pour l'homicide involontaire de deux salariés tués en 2018 après l'explosion dans l'usine Saipol.

Deux sociétés, jugées devant le tribunal judiciaire de Dieppe (Seine-Maritime) pour l'homicide involontaire de deux salariés tués en 2018 à la suite d'une explosion dans l'usine Saipol, ont été reconnues coupables mercredi et condamnées à de lourdes amendes.

L'entreprise Saipol, filiale du groupe Avril, a été condamnée à 250.000 euros d'amende tandis que la Société normande d'assainissement et de dépollution (SNAD) a écopé de 150.000 euros d'amende.

"Si la CGT est satisfaite de cette condamnation, l'amende représente pour la société Saipol moins de 0,3 % des 135 millions d'euros de bénéfices pour la seule année de 2022", a réagi le syndicat dans un communiqué.

"Immense soulagement"

Les familles des victimes "ont perdu plus de sept ans pour honorer la mémoire de leurs proches qui sont décédés dans des circonstances absolument tragiques (...), donc c'est un immense soulagement", a réagi Me Karim Berbra, un des avocats des parties civiles.

Le 17 février 2018, une violente explosion était survenue dans cette usine de Dieppe, provoquant un important incendie.

Les corps calcinés des deux employés de la Snad, âgés de 25 et 44 ans, avaient été découverts. Ils intervenaient sur le site avec deux de leurs collègues dans le cadre d'une opération de maintenance d'urgence pour débloquer un extracteur de graines, gêné par un amas de détritus.

"De multiples manquements"

Des prélèvements ont révélé la présence d'hexane dans l'usine, un solvant liquide très inflammable utilisé dans le processus d'extraction.

Mardi, lors du premier jour du procès, la représentante du ministère public, Diane Arbus, avait estimé que les faits d'homicide volontaire par personne morale étaient "caractérisés", relevant "de multiples manquements comme étant à l'origine du décès des deux victimes".

D'après Me Thomas Dubreil, avocat des parties civiles, "la décision rendue va au-delà des réquisitions du ministère public. Surtout elle requalifie les condamnations qui ont été prononcées et les infractions qui ont été commises en infractions aggravées avec cette circonstance d'une violation manifestement délibérée des règles de sécurité et de prudence".

La société Saipol "prend acte"

"C'est quelque chose que nous réclamions depuis des années", s'est félicité Me Dubreil.

Selon Me Corinne Potier, avocate de Saipol, "tout au long de ces deux jours d'audience, la société Saipol a assumé ses responsabilités. Aujourd'hui, elle prend acte de la décision qui a été rendue par le tribunal qui va au-delà des réquisitions du procureur de la République. Nous allons examiner avec beaucoup d'attention dans les prochains jours cette décision".

F.Ba avec AFP