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"Des témoignages poignants": ce maire rallie Paris depuis l'Orne pour alerter sur la désertification médicale

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Vincent Beaumont, maire de la Ferrière-aux-Étangs, un village de 1.500 habitants dans l'Orne a déjà parcouru ce mardi 27 mai le tiers de son trajet à pieds vers Paris. L'édile a entrepris ce défi pour demander des solutions au législateur contre la désertification médicale.

Le maire de Ferrière-aux-Étangs, ce village de 1.500 habitants du pays de Passais dans l'Orne s'est lancé le 24 mai dans une marche de 200 kilomètres jusqu'à l'Assemblée nationale à Paris. Vincent Beaumont a fait étape ce mardi 27 mai au Merlerault, d'où il s'est exprimé sur BFM Normandie.

Chaque fois qu'il s'arrête dans un village ou une ville, il rencontre des élus ou des personnes qui témoignent de leur difficulté à trouver des médecins. "On est déjà au tiers du parcours, j'en suis à ma quatrième étape, et, déjà, on a des témoignages qui sont poignants", explique-t-il en donnant l'exemple de la ville où il passe la nuit.

"C'est une commune qui vient d'être touchée tout récemment, par ce problème puisqu'il y a quelque jours, le médecin qui exerçait dans la commune depuis 25 ans est décédé brutalement. Madame la Maire déléguée nous disait que c'était un peu la panique pour ses concitoyens même s'il y a une entraide des médecins du secteur", a-t-il indiqué.

"Tout est utile"

La communauté de communes va essayer de pallier cette carence. Un médicobus permet d'assurer pratiquement un poste de temps plein dans des communes des alentours. "Tout est utile, tout est bon pour pouvoir répondre à ces besoins", indique-t-il.

Vincent Beaumont évoque aussi les difficultés auxquelles il doit faire face à Ferrière-aux-Étangs. "J'y suis arrivé en 1993 nommé directeur de l'Ehpad, il y avait deux médecins à temps plein, un dentiste à temps partiel et deux kinés. En juillet 2020, le dernier médecin généraliste à temps plein est parti à la retraite", relate-t-il.

En deux mois, le village réussit à attirer un médecin espagnol qui venait de s'installer sur une commune voisine, d'ouvrir un cabinet secondaire. Or, au bout de cinq années d'installation et une fois les aides de l'Agence régionale de santé et les avantages fiscaux, il est rentré en Espagne.

Annonce sur Le Bon Coin

Face à ces déboires, le maire avait pris une initiative peu commune: poster une offre sur Le Bon Coin. Il avait aussi dressé sur un rond-point du village une banderole pour interpeller les candidats médecins à une installation. C'est par ce biais-là, qu'une praticienne s'est manifesté dernièrement. "Une dame qui pour l'instant exerce en outre-mer a pris contact pour s'installer dans notre commune pour quelques années à partir de septembre prochain", s'est-il réjoui auprès de BFM Normandie.

Dans les prochains jours, Vincent Beaumont doit cheminer par Verneuil-sur-Avre, Nonancourt, Dreux, Houdan, Plaisir, Vaucresson puis Paris. Pour l'édile, le problème de la désertification médicale n'est pas propre aux communes rurales, elle concerne aussi des villes de taille plus importante situées à quelques dizaines de kilomètres de la capitale.

Le 4 juin, l'édile doit se rendre à l'Assemblée nationale pour échanger avec des parlementaires sur les besoins de médecine généraliste de proximité. Il a partagé à notre antenne son insatisfaction quant à la loi sur la régulation de l'installation des médecins adoptée le 7 mai dernier.

"La régulation de l'installation qui est prévue dans cette proposition de loi transpartisane n'est pas sur l'ensemble du territoire, seulement 13%, ce que l'on appelle nous les communes "MMS", Mer, Montagne et Soleil, entre autre mais pas seulement, le littoral méditerranéen", poursuit-il avant de reprendre à son compte le slogan du député de la Mayenne, Guillame Garot, visage de cette proposition de loi, "l'accès au soin ne doit pas dépendre de nos codes postaux".

Florent Bascoul