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"Cette accusation de complicité me salit et me fait souffrir": la maire de Canteleu s'explique après sa démission

Mélanie Boulanger, maire de Canteleu (Seine-Maritime), en avril 2022.

Mélanie Boulanger, maire de Canteleu (Seine-Maritime), en avril 2022. - BFMTV

Dans un communiqué, Mélanie Boulanger fait part de sa santé, fragilisée par deux années de combat judiciaire. En 2022, l'élue a été mise en examen pour complicité de trafic de stupéfiants.

"Jusqu’ici, j’ai tenu." Quelques heures après l’annonce de sa démission de sa fonction de maire pour "raisons de santé", l'édile socialiste de Canteleu, Mélanie Boulanger, a pris la parole dans un long communiqué diffusé ce mercredi 21 février.

Dans cette lettre, la maire rappelle son engagement long de dix ans à Canteleu. "J’ai consacré à notre ville plus d’un tiers de ma vie", rapporte l’élue. "Maire depuis 2014, je me bats depuis dix ans pour améliorer le cadre et la qualité de vie des Cantiliens", poursuit-elle, indiquant également se battre contre l'insécurité et le trafic de stupéfiants.

"Une accusation de 'complicité' surréaliste"

Des combats qu’elle affirme avoir portés seule "sans recevoir de l’Etat un soutien proportionné à la situation" décrite. Mélanie Boulanger affirme n’avoir jamais fléchi, jamais cédée "ni aux menaces ni au découragement" jusqu’aux soupçons de complicité de trafic de stupéfiants.

"Depuis deux ans et demi, je dois me battre aussi contre une accusation de 'complicité' surréaliste", dénonce Mélanie Boulanger. "Cette accusation me salit et me fait souffrir, autant qu’elle abîme l’image de notre ville et celle de ma famille."

En avril 2022, Mélanie Boulanger, figure du PS locale et maire de Canteleu, est mise en examen pour complicité de trafic de stupéfiants et est placée sous contrôle judiciaire. En décembre 2023, le parquet de Bobigny requiert son renvoi devant le tribunal aux côtés d’une vingtaine d’autres personnes pour ce même chef d’accusation.

Selon la vice-procureure à Bobigny, citée par Le Monde, Mélanie Boulanger a "volontairement différé l'installation de caméras de vidéosurveillance afin de ne pas entraver le trafic de stupéfiants" tenu par une famille à Canteleu, qui générait d'énormes bénéfices.

"Si ses déclarations et les documents qu'elle fournit montrent que, publiquement, celle-ci tentait de lutter contre les trafics de stupéfiants sur sa commune, les investigations ont démontré que parallèlement, elle travaillait avec les Meziani en leur fournissant des informations essentielles à la pérennité et au développement de leur trafic de stupéfiants", poursuivait le parquet. Ces réquisitions ont été suivies par la justice à la mi-janvier 2024.

"L’annonce, le 12 janvier de mon renvoi devant un tribunal correctionnel m’a cependant infligé une décompensation aussi inattendue que préoccupante", détaille aujourd'hui Mélanie Boulanger dans son communiqué. "Depuis, c’est un combat pour ma santé que je dois mener avec l’aide de mes proches et de la médecine."

"Un atroce rouleau compresseur"

Un combat médical qui "est le seul qui ne soit pas compatible avec les lourdes responsabilités de Maire et c’est pourquoi je suis contrainte d’y renoncer", ajoute-t-elle. L'élue ne quitte néanmoins pas la vie politique puisqu'elle restera membre du Conseil municipal et du conseil métropolitain. Ce mardi 21 février, Mélanie Boulanger a toutefois également adressé sa démission du mandat de conseillère régionale.

Depuis le début de l’affaire, Mélanie Boulanger clame son innocence. "Mais cette accusation persiste, comme un atroce rouleau compresseur, qui me broie chaque jour un peu plus", décrit l’élue dans son communiqué.

"Après deux ans et demi de ce combat déséquilibré, ma santé s’est considérablement affaiblie", rappelle la maire précisant avoir tenu "pas parce que je suis forte, mais parce que je suis innocente".

"Je suis le premier maire à avoir déployé la vidéoprotection sur le domaine public à Canteleu, malgré les refus de subvention et les dégradations de caméras. J’ai amplifié les moyens humains et matériels de la police municipale (...) Et je n’ai cessé de réclamer une présence accrue de la police nationale dans nos quartiers, ainsi que des réponses judiciaires plus adaptées", détaille-t-elle dans son communiqué, déplorant que "les preuves de son innocence ont été ignorées".

Soutien de Nicolas Mayer-Rossignol

Peu après l'annonce de la démission de l'élue, le maire (PS) de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol a tenu à lui apporter son soutien. "Mélanie Boulanger est une maire de Canteleu exemplaire", appuie le président de la Métropole Rouen Normandie dans un communiqué.

"Depuis près de dix ans, elle se bat, bien seule, trop seule, contre la drogue, les trafiquants, l'insécurité", ajoute-t-il. "Depuis dix ans, elle a enduré les insultes, les menaces, sur elle-même et sur sa famille. Bien que seule, trop seule, elle a toujours tenu, debout."

"Je lui renouvelle mon amitié, mon soutien et mon admiration pour son courage", assure le maire de Rouen.

Charlotte Lesage