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"300 avions qui bombardent": 80 ans plus tard, Ghyslaine se souvient de la libération du Havre

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À l'occasion des 80 ans de la libération du Havre, Ghyslaine raconte comment elle a dû quitter la ville pour survivre aux bombardements et à l'occupation allemande. Elle se souvient d'une ville libérée mais complètement détruite.

Ce fut la dernière ville normande occupée. Trois mois après les commémorations du débarquement de Normandie, Le Havre s'apprête à célébrer les 80 ans de sa libération ce jeudi 12 septembre.

Un moment important dans l'histoire de la région, marquant symboliquement la fin de la bataille de Normandie, avec la reprise totale du territoire par les Alliés. Une libération dont se souvient encore Ghyslaine Rouvillain, après avoir vécu la Seconde guerre mondiale au Havre. "Au début, je ne savais pas ce que c'était la guerre, mais j'ai vite compris", raconte-t-elle aujourd'hui.

"On entendait de Bolbec"

Aujourd'hui âgée de 91 ans, Ghyslaine se rappelle comme si c'était hier de l'époque où la ville résistait sous les bombes. "Avant l'arrivée des Allemands, la CIM (Compagnie industrielle maritime, NDLR) avait incendié tous les bacs de pétrole pour pas que les Allemands ne les utilisent", raconte-t-elle à BFM Normandie. "À 15 heures, il faisait nuit noire dans la ville."

Alors qu'elle est encore toute jeune, Ghyslaine doit fuir la ville portuaire avec sa famille, pour rejoindre leur maison secondaire, vers Fontaine-la-Mallet, avant de se rendre à Bolbec. Ghyslaine laisse derrière elle une ville malmenée.

"On entendait de Bolbec. Évidemment, 300 avions qui bombardent, vous vous rendez compte. Ça fait un peu de bruit, mais quand même, pour l'entendre à 30 kilomètres..."

"La destruction" de la ville du Havre

Après plusieurs années passées dans des baraques rudimentaires, Ghyslaine retrouve son père militaire, parti à la guerre. Elle retourne au Havre, et retrouve une ville ravagée par les bombes.

"Mes parents y sont allés et m'ont amené pour que je vois la destruction. C'était à voir, parce que ce n'était pas beau", assure-t-elle.

"Le square Saint-Roch, il y avait des... des cercueils dedans", tente d'expliquer la Havraise, qui a vu tout cela alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. "Ça a servi de cimetière."

Fort heureusement pour la jeune fille de l'époque, aucun de ses proches n'est mort en raison des bombardements du Havre ou de l'occupation allemande. Depuis, la nonagénaire collectionne les documents de cette période, toujours dans un besoin de se souvenir.

Les commémorations des 80 ans de la libération du Havre, qui s'ancrent, elles aussi, dans ce devoir de mémoire, auront lieu ce jeudi 12 septembre en présence du président de la République Emmanuel Macron. Il se tiendra donc aux côtés de son ancien Premier ministre et officiellement candidat à la prochaine élection présidentielle, le maire Édouard Philippe.

Paul Sabio, avec Juliette Moreau Alvarez