Marseille: des travaux sur l'hôtel de ville réalisés sans autorisation?

Le bâtiment étant classé monument historique depuis 1948, le chantier devrait être supervisé par un architecte du patrimoine. Si la municipalité n'exclut pas "un souci au niveau des procédures", elle défend une nécessité de "sécuriser le lieu".

Sur le quai des Belges, l'hôtel de ville de Marseille trône fièrement. Mais voilà quelque temps que ce morceau de patrimoine du 2e arrondissement a perdu de sa superbe. En cause: un échafaudage bâché, qui défigure l'une de ses façades.

Sandrine Rolengo jette un œil à travers les grilles de protection pour mieux comprendre ce qui s'y joue. "Ils ont percé la droite de la porte pour fixer l'échafaudage. C'est dommage. Ça abîme le bâti", peste la déléguée de l'association Sites et Monuments dans les Bouches-du-Rhône.

À bien regarder autour de l'hôtel de ville, aucun panneau n'atteste de l'autorisation des travaux menés dans ce bâtiment pourtant classé monument historique depuis le 30 avril 1948. Tout juste peut-on lire sur les grilles les mentions "chantier interdit au public" et "casque de protection obligatoire".

"On aimerait comprendre pourquoi"

"S'il y avait lieu à une restauration, il devrait y avoir un architecte du patrimoine sur place", pointe Sandrine Rolengo au micro de BFM Marseille Provence. "De ce qu'on a vu hier (mercredi, NDLR), dans la benne, ce n'est pas une restauration. Ils ont enlevé un ancien parquet, où on a vu des vieux clous forgés à la main, un savoir-faire qui n'existe plus aujourd'hui."

Dans une série de tweets, David Coquille, journaliste à La Marseillaise, s'interroge lui aussi sur la légalité de ces travaux. D'après ses informations, le parquet en question datait du 17e siècle.

"On aimerait comprendre pourquoi cette partie de patrimoine est enlevée aux Marseillais sans autorisation", surenchérit Sandrine Rolengo.

L'échafaudage finalement démonté?

Face à ces questionnements, la mairie a décidé d'interrompre les travaux en attendant que tout soit en règle. Et ce vendredi matin, nouvelle publication de David Coquille: "Démontage en cours de l'échafaudage du chantier arrêté de l'hôtel de ville (MH). 'Ben oui on a percé, mais les façadiers passeront reboucher les trous.'"

Interrogé la veille, Éric Méry, conseiller municipal délégué à l'urbanisme, met en avant "la nécessité de sécuriser ce lieu". Tout en concédant qu'"il peut y avoir un souci au niveau des procédures". "Ça, on verra", évacue l'élu.

Mais Éric Méry en est certain, "sur l'opportunité, sur la nécessité de réaliser ces travaux, ça, il n'y pas de problème".

Marie Roux avec Florian Bouhot