Trente ans après, Marseille se souvient et rend hommage à Ibrahim Ali, tué par un militant du Front national

La rue Ibrahim Ali à Marseille le 21 février 2021. - Clément Mahoudeau
Un hommage, 30 ans plus tard. Le maire de Marseille Benoît Payan a tenu ce vendredi 21 février à rendre hommage à un jeune Marseillais, Ibrahim Ali, tué d'une balle dans le dos par un militant du Front national en 1995.
"Marseille se souvient et n’oubliera jamais ce crime raciste", écrit Benoît Payan.
Un hommage à Ibrahim Ali a lieu chaque année, mais en 2025, à l'occasion des 30 ans du meurtre du jeune homme, la communauté marseillaise poursuit son devoir de mémoire.
Abattu d'un tir dans le dos
Le 21 février 1995, Ibrahim Ali, âgé de 17 ans, sort d'une répétition d'un cours de hip-hop avec un groupe d'amis aux Aygalades. Il court pour essayer d'avoir son bus à temps lorsqu'il croise un groupe de trois colleurs d'affiches d'extrême droite.
Il est froidement abattu par l'un d'eux d'une balle dans le dos. Derrière le canon: Robert Lagier, militant du Front national accompagné par deux autres sympathisants du parti dirigé alors par Jean-Marie Le Pen.
Quatre jours après le meurtre d'Ibrahim Ali, 20.000 personnes défilent sur la Canebière pour lui rendre hommage et dire non au racisme.
Robert Lagier sera condamné le 22 juin 1998 à 15 ans de prison pour meurtre à caractère raciste, après 14 jours de procès en cour d'assises. Les deux autres colleurs d'affiches, Mario d'Ambrosio et Pierre Giglio seront respectivement condamnés à 10 et deux ans de réclusion criminelle.
"Le combat continue"
En 2021, la ville de Marseille a renommé l'avenue des Aygalades au nom d'Ibrahim Ali, tué sur ce même axe. Une plaque a également été apposée, en hommage à Ibrahim, "victime de l'intolérance et de la haine". Ce vendredi, plusieurs élus ont pris la parole pour rendre hommage au jeune homme.
"30 ans plus tard, la région s’incline devant sa mémoire", réagit Renaud Muselier. "En ce 21 février, j’adresse mes pensées émues à ses proches."
"Je pense à Ibrahim, et à tous ceux qui l’aimaient. Le combat continue", ajoute le député Sébastien Delogu. "N'oublions pas que la haine de l'autre ne doit jamais l'emporter", écrit à son tour la sénatrice Valérie Boyer.
Un hommage qui reste aussi très politique pour beaucoup d'élus qui font de la lutte contre l'extrême droite un de leur combat. "Face au racisme et à la haine de l’extrême-droite, le combat frontal est plus que jamais notre devoir", écrit notamment le député LFI Manuel Bompard.
Son collègue vauclusien Raphaël Arnault rappelle sur X que "l'extrême droite tue". Des mots également utilisés par Léa Balage El Mariky, députée de Paris.